ITALIE-AFRIQUE : Un premier Sommet (déjà) pour rapprocher les deux parties

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La première ministre italienne, Giorgia Meloni, accueille, lundi, 29 janvier, à Rome, les dirigeants de plus de 25 pays africains pour parler « d’égal à égal » afin de trouver des accords en matière d’énergie et de migrations notamment. L’Italie souhaite devenir un pont entre l’Europe et l’Afrique, en assurant à la première de nouvelles voies d’approvisionnement en ressources énergétiques et à la seconde des investissements massifs. Il s’agit du énième Sommet entre l’Afrique et un partenaire du monde occidental, oriental, du Sud global ou du reste du monde. De manière non exhaustive, on compte un Sommet entre l’Afrique et l’Europe, les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne, le Japon, la Chine, le Brésil, la Russie, l’Arabie Saoudite, la Turquie. L’Italie est le tout dernier pays à s’inscrire sur cette longue liste d’organisateurs de sommets avec l’Afrique.

Il ne faudra pas s’attendre à un résultat spectaculaire de ce Sommet. Son mérite est d’avoir été organisé et de réunir près de la moitié de pays africains alors que le discours de l’extrême-droite, au pouvoir, en Italie, heurte les bonnes âmes en Afrique. Mais, il y a aussi que la première ministre, Giorgia Meloni, est celle qui dit, frontalement, ses vérités au président, Emmanuel Macron, par rapport à la politique néo-coloniale de la France en Afrique. Sans porter les gants, Giorgia Meloni lui demande de quitter la zone franc et de laisser les Africains gérer, eux-mêmes, leur monnaie, sans ingérence de la France. Elle demande aussi à la France de mener une politique digne qui permet aux jeunes africains de se stabiliser en Afrique au lieu de courir vers l’hypothétique eldorado européen.

Comme nous vivons dans un monde du donnant-donnant, la première ministre italienne va dévoiler des accords énergétiques en échange d’une coopération accrue en matière de migrations que tout le monde attend de voir, à commencer par nous, à Afrique Education. On espère que son initiative ne restera pas au stade du discours, du bavardage et de la rhétorique.

Enjeu de cette conférence : le dévoilement du « Plan Mattei », du nom d’Enrico Mattei, fondateur de l’ENI (le géant énergétique public italien), qui, dans les années 1950, préconisait un rapport de coopération avec les pays africains, en les aidant à développer leurs ressources naturelles.

Les dirigeants de plus de 25 pays ont annoncé leur présence aux côtés des représentants des agences des Nations-Unies, de la Banque mondiale et de l’Union africaine, ainsi que, d’institutions économiques comme le Fonds monétaire international (FMI).

Sont, notamment, attendus les présidents de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, de la Tunisie, Kaïs Saïed, du Sénégal, Macky Sall, mais aussi, des Comores, Azali Assoumani, président en exercice de l’Union africaine et qui vient de se faire réélire pour un nouveau bail de cinq ans à la tête des Comores. Il y a, aussi, les président de la République du Congo, de l’Erythrée, du Ghana, du Kenya, de la Mauritanie, du Mozambique et du Zimbabwe. D’autres, comme l’Algérie, le Tchad, et l’Egypte, ont dépêché des ministres. Bref, la liste des participants montre que les Italiens ont mis les petits plats dans les grands pour assurer un plein succès à leur affaire.

Les présidents des institutions européennes, Ursula von der Leyen (Commission), Charles Michel (Conseil européen) et Roberta Metsola (Parlement) sont, également, annoncés à cette conférence, qui se tient sur une seule et unique journée : le 29 janvier 2024.

Rome espère impliquer tous ces acteurs internationaux dans la mise en place de son Plan sur des axes de développement aussi variés que l’éducation, les systèmes de santé ou l’eau. Les Africains ne demandent pas mieux et espèrent travailler différemment avec le gouvernement italien de droite dont le discours est essentiellement axé vers l’immigration.

Mais, des experts avancent que l’Italie pourrait avoir du mal à obtenir le soutien de l’Union européenne, qui a, déjà, présenté un plan d’aide à l’Afrique de 150 milliards d’euros en 2022. C’était pendant le Sommet Europe-Afrique, en février 2022, à Bruxelles.

Arrivée au pouvoir en 2022 sur un programme anti-migrants, la cheffe du gouvernement italien espère faire de l’Italie un pont entre l’Europe et l’Afrique, en assurant à la première de nouvelles voies d’approvisionnement en ressources énergétiques et à la seconde des investissements massifs.

Selon le quotidien italien, Corriere della Sera, Rome pourrait affecter quatre milliards d’euros à ce plan au cours des cinq à sept prochaines années, dans l’agro-industrie, le transport et les infrastructures – et surtout, l’énergie.

Giorgia Meloni souhaite capitaliser sur la demande des autres pays européens qui cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe suite à l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022.

A l’échelle des migrations, le Plan Mattei prévoit de s’attaquer aux facteurs dits « incitatifs » et de persuader les pays d’origine de signer des accords de réadmission pour les migrants déboutés.

Malgré les engagements de la dirigeante italienne à stopper les bateaux en provenance d’Afrique du Nord, les débarquements en Italie ont, fortement, augmenté depuis son entrée en fonction, passant de quelque 105 000 migrants en 2022 à près de 158 000 en 2023. D’où l’importance donné à ce Sommet côté Giorgia Meloni.

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