MUSEVENI-RUTO : Vers un éloignement provoqué par la surfacturation du pétrole kenyan

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L’Ouganda ne veut plus importer de pétrole via le Kenya. Cette décision fait suite à la récente découverte par son président, Yoweri Museveni, de la surfacturation du litre de gasoil, allant parfois jusqu’à 59%, opérée par son homologue kenyan, William Ruto. Un enrichissement réalisé sur le dos des populations ougandaises auquel le guérillero a, immédiatement, mis fin, non sans avoir critiqué ses propres officiels pour ne pas avoir tiré plus tôt la sonnette d’alarme sur ce problème.

Approvisionné par le Kenya à hauteur de 90% de ses besoins pétroliers, l’Ouganda a sollicité l’utilisation des pipelines de son voisin de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) afin d’assurer le transport de ses produits pétroliers, en faisant appel à Vitol Bahrain EC, une intermédiaire bahreïnie, lui étant affiliée. Mais, sa requête a été rejetée pour des raisons de non-conformité et d’ordre concurrentiel.

Ce refus n’a rien de surprenant puisqu’il signifierait que Nairobi autorise la perte par les entreprises pétrolières kényanes de la manne collectée grâce aux transactions passées avec Kampala. Toutefois, il cristallise les tensions existant entre Yoweri Museveni et William Ruto (notre photo), le premier reprochant au second d’avoir signé des accords pétroliers avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis en septembre sans lui en avoir dit mot, malgré les conséquences évidentes sur les Ougandais.

En effet, les pays de l’OPEP ayant décidé de faire augmenter le prix du baril de pétrole en réduisant la production, cette nouvelle hausse viendrait s’ajouter à la surfacturation déjà supportée par les populations ougandaises.

En réponse à cette attitude réprimable du chef de l’Etat kenyan, l’homme fort de l’Ouganda envisage d’approfondir sa coopération énergétique avec la Tanzanie. Actuellement, seuls 10% des importations pétrolières destinées à Kampala passent par le port de Dar es Salaam. Ce chiffre devrait probablement évoluer dès janvier 2024, à moins d’un improbable retournement de situation venant de Nairobi sur le dossier.

Quoi qu’il en soit, Yoweri Museveni dispose d’alternatives. Dans la foulée de l’expulsion de son pays du programme commercial américain vers l’Afrique (AGOA), précédée par la suspension des financements alloués par la Banque mondiale, ce dernier a rencontré le président des Emirats Arabes Unis, Cheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, ce lundi, 13 novembre, en vue d’un rapprochement stratégique entre leurs deux nations. On devinera aisément les intentions inavouées de l’ex-guérillero de compter parmi ses partenaires internationaux un pays membre de l’OPEP capable de l’accompagner dans le lancement de l’exploitation de ses champs pétroliers prévu pour 2025.

L’amitié entre Yoweri Museveni et William Ruto qui, l’année dernière, était encore qualifiée d’étroite, est elle aujourd’hui en sursis ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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