Comme Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, le président guinéen, Alpha Condé, sera, aussi, candidat à un troisième mandat (anticonstitutionnel), lors du scrutin prévu le 18 octobre, a indiqué son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), lundi, 31 août. Comme en Côte d’Ivoire, ce 3e mandat a déjà coûté des dizaines de morts en Guinée. Et ce n’est qu’un début en Guinée comme en Côte d’Ivoire.
Alpha Condé ne fait pas honneur à l’élite intellectuelle africaine. Après avoir milité dans l’opposition en France, pendant une cinquantaine d’années, après avoir présidé la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France dans les années 60), Alpha Condé a fini par se renier complètement. Il est, totalement, méconnaissable. Devenu l’exemple de la négation de soi en tant qu’être humain, il a, littéralement, tourné le dos à tous les combats qu’il a menés en faveur de la démocratie. Pire, il est allé jusqu’à devenir un ami, voire, un « frère » des dictateurs, qui n’ont pas eu du mal à l’absorber. Quand on parle, aujourd’hui, du « professeur » Alpha Condé dans un milieu, on est mal à l’aise. C’est le dégoût total.
Après deux mandats à la tête de la Guinée, il a pris une voie sans issue qui va (inévitablement) le faire sortir de la politique par la petite porte. Ne pouvant pas porter son projet de 3e mandat tout seul, il s’est lié à Ouattara pour faire équipe ensemble (sur notre photo Condé et Ouattara crient victoire trop tôt). Mais, bien qu’ils aient l’administration et les moyens matériels et financiers de l’Etat à leur disposition, ils couleront ensemble. Car les peuples de Côte d’Ivoire et de Guinée ne les laisseront pas faire. Qu’ils en soient convaincus.
Le plan de la perpétuation au pouvoir des deux hommes n’est pas le fruit du hasard. Arrivés au pouvoir presqu’au même moment (Alpha Condé en décembre 2010 et Alassane Ouattara en avril 2011 après plusieurs mois de présence au Golf), ces deux présidents se sont liés par un même destin. Ils se donnent des conseils de (mauvaise)gouvernance : Condé est le conseiller politique de Ouattara qui, de son côté, est le conseiller économique de Condé. Ce sont ces conseils mutuels qu’ils se donnent, qui aboutissent, aujourd’hui, au 3e mandat non-constitutionnel. Qui, heureusement, ne passera pas.