Le principal candidat de l’opposition au Nigeria, Atiku Abubakar, a désigné, jeudi, 16 juin, son colistier pour la présidentielle de février prochain, en la personne de Ifeanyi Okowa, le gouverneur de l’Etat du Delta, dans le Sud-Est du pays. Atiku affrontera un autre milliardaire, Bola Tinubu, lors de la présentielle de 2023.
Musulman originaire du Nord-Est, « Atiku », comme l’appellent les Nigérians, a choisi Ifeanyi Okowa, chrétien de 62 ans comme candidat à la vice-présidence (Atiku et Okowa sur notre photo).
« J’ai clairement fait savoir que mon colistier aurait le potentiel de me succéder à tout moment », a déclaré Atiku Abubakar, 75 ans, au cours d’une conférence de presse à Abuja, la capitale.
Huit mois avant l’élection, le pays le plus peuplé d’Afrique fait face à d’immenses défis, notamment, sécuritaires et économiques, et devra élire un successeur au président, Muhammadu Buhari, qui termine son deuxième mandat, comme le prévoit la Constitution. Sans avoir pu enrayer ni la secte Boko Haram ni la corruption comme il le clamait pour se faire élire. Mais, en huit ans, il n’a pu rien faire. Strictement rien.
Atiku Abubakar, candidat du Parti démocratique populaire (PDP), principal parti d’opposition, affrontera, notamment, en 2023, Bola Tinubu, le candidat du Congrès des progressistes (APC), parti au pouvoir, qui n’a pas encore désigné son colistier.
Les deux hommes sont richissimes, septuagénaires et très controversés, car tous deux accusés de corruption tout au long de leur carrière politique.
Tout comme son adversaire, Bola Tinubu est musulman mais il est lui originaire du Sud-Ouest. Le nom de son futur vice-président est imminent.
Le choix des colistiers est très sensible au Nigeria, pays divisé presque de manière égale entre le Nord à majorité musulmane et le Sud à majorité chrétienne.
En effet, un accord tacite veut que le duo président – vice-président soit composé d’un musulman et d’un chrétien.
Pour maintenir l’équilibre dans un pays, qui compte plus de 250 groupes ethniques et où les tensions entre communautés sont fréquentes, le Nigeria pratique également le « zonage » : l’alternance tous les deux mandats entre un candidat du Nord et un candidat du Sud.
Un accord tacite clé qui n’a d’ores et déjà pas été respecté par le PDP, qui – selon la règle – aurait dû nommer un candidat originaire du Sud à la présidence.
Le président nigérian, Muhammadu Buhari, élu en 2015, puis 2019, est un musulman originaire du Nord du pays, tout comme Atiku Abubakar.