LIBYE : L’intervention de l’OTAN de 2011 provoque toujours le chaos politique

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Les dirigeants rivaux en Libye se trouvent sous une pression croissante de la rue avec des manifestations à travers le pays provoquées par des coupures d’électricité incessantes, le coût de la vie, bref, le mal vivre. L’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a affirmé « soutenir les revendications de citoyens ». C’est l’occasion de rappeler que la Libye est dans cette situation à cause de l’intervention militaire de l’OTAN, qui avait abouti à l’assassinat de son dirigeant, Mu’ammar al Kadhafi, en octobre 2011. Depuis, les pays occidentaux n’arrivent pas à imposer l’agenda qui les avait poussés à assassiner Kadhafi de façon gratuite. Ils ont, au contraire, mis le pays sens dessus dessous, dans un chaos total, avec un visage méconnaissable. Ce sont les mêmes pays occidentaux avec l’OTAN qui donnent des leçons aujourd’hui à la Russie qui fait exactement la même chose en Ukraine avec la différence que son président, Volodymyr Zelensky, est en vie et fait, au moins, une déclaration par jour, pour galvaniser ses troupes et réclamer toujours plus d’aide.

Vendredi, 1er juillet, à Tobrouk, dans l’extrême-est du pays, des manifestants ont forcé l’entrée du Parlement à l’aide d’un bulldozer avant d’y mettre le feu. Les manifestants, dont certains ont brandi le drapeau vert de l’ancien régime de Mu’ammar Kadhafi, ont crié leur colère contre l’incurie de leurs dirigeants et la détérioration des conditions de vie dans un pays pourtant doté des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique.

Le Parlement est l’un des symboles de la division de la Libye entre un camp basé en Cyrénaïque (Est du pays), dont le chef de file est le maréchal, Khalifa Haftar, et un gouvernement basé à Tripoli (Ouest), dirigé, depuis 2021, par Abdelhamid Dbeibah.

Le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a appelé « tous les acteurs à s’abstenir de toute action qui pourrait nuire à la stabilité » et les a exhortés « à se rassembler pour surmonter l’impasse politique persistante », a rapporté le porte-parole onusien, Stéphane Dujarric, dans un communiqué.

Des pourparlers menés sous l’égide de l’ONU ont échoué à résoudre les divergences entre les institutions libyennes rivales.

Le camp Haftar appuie un gouvernement rival formé en mars dernier. Ses partisans bloquent depuis mi-avril des installations pétrolières clés comme moyen de pression pour déloger l’exécutif de Tripoli.

Samedi, 2 juillet, en soirée, l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a affirmé dans un communiqué « soutenir les revendications de citoyens », tout en appelant les manifestants à « préserver les biens publics ».

« Il est clair qu’aucune entité politique ne jouit d’un contrôle légitime sur l’ensemble du pays et tout effort visant à imposer une solution unilatérale se traduira par la violence », a pour sa part estimé l’ambassadeur des Etats-Unis à Tripoli, Richard Norland. Le diplomate a exhorté « les dirigeants libyens et leurs soutiens étrangers à restaurer la confiance des citoyens dans l’avenir du pays ».

Samedi, des manifestants ont bloqué des routes dans la cité portuaire de Misrata (Ouest), après avoir saccagé et incendié la veille, le siège du Conseil municipal.

La nuit tombée, des manifestants se sont rassemblés à plusieurs points de Tripoli, fermant des routes et brûlant des pneus.

La veille, des milliers de personnes ont battu le pavé à travers le pays, de Benghazi (Est) à Tripoli, en passant par les villes orientales de Tobrouk et El Beïda, ainsi qu’à Sebha, dans le Sud désertique.

« Nous voulons de la lumière », ont scandé les manifestants, en référence aux coupures d’électricité qui durent une douzaine d’heures quotidiennement, voire, 18 h les jours de forte chaleur.

« Depuis plus d’un an, l’écrasante majorité des efforts de diplomatie et de médiation concernant la Libye ont été monopolisés par la notion d’élections, lesquelles n’auront pas lieu avant au moins deux ans, vu l’échec des négociations de Genève, jeudi, 1er juillet, sous les auspices de l’ONU », selon Jalel Harchaoui, un spécialiste de la Libye.

Or, l’économie « aurait sans doute dû être la véritable priorité absolue de tous », a-t-il estimé. « Sur ce front, l’année 2022 a été extrêmement pénible pour les Libyens, pour plusieurs raisons : la Libye importe presque toute sa nourriture et la guerre en Ukraine a affecté les prix à la consommation, comme dans beaucoup de pays de la région. »

La Compagnie nationale du pétrole (NOC) a affirmé jeudi que les blocus pétroliers entraînaient aussi une baisse de la production de gaz nécessaire à l’approvisionnement du réseau électrique.

Depuis la chute de Kadhafi, la Libye a connu une dizaine de gouvernements, plusieurs guerres entre forces rivales et n’est jamais parvenue à organiser une élection présidentielle. Conséquence, tout le monde se demande pourquoi l’OTAN a assassiné un président qui donnait l’eau et l’électricité gratuitement à tous les Libyens, les logements sans frais et un travail à chaque Libyen. Quand on regarde la Libye aujourd’hui, on est en droit de se demander qui traduirait les dirigeants occidentaux de l’époque qui furent le fer de lance de cette déstabilisation. Il s’agit du Français, Nicolas Sarkozy, du Britannique, David Cameron, mais surtout, de l’Américain, Barack Obama, qui contrôlait l’OTAN.

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