Dans une note de presse, la Maison civile du président de la République informe qu’un décret signé mercredi, 15 novembre, par le chef d’Etat, Joao Lourenço, fait état de la nomination de Carlos Saturnino Guerra Sousa e Oliveira comme président du conseil d’administration de la Sonangol, société d’Etat, en lieu et place d’Isabel dos Santos, fille de l’ancien président de la République, qui y avait été nommée en juin 2016. L’indépendance n’a pas de prix. La liberté ne s’octroie pas non plus. Elle s’arrache. Arrivé aux affaires il y a une cinquantaine de jours, le général, Joao Lourenço déclare-t-il la guerre à son mentor José Eduardo dos Santos ?
C’est le genre de décision qui apporte de la discorde dans les relations entre personnes. Le nouveau président, Joao Lourenço ne s’est pas borné à limoger Isabel dos Santos de la présidence de la Sonangol qui fournit 90% des recettes d’exportation à l’Etat, soit 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires, par an. Il a, aussi, fait cesser le contrat du Canal 2 de la télévision publique de l’Angola (TPA) avec la société Semba Communications, ayant pour actionnaires deux autres fils de l’ancien président : Welwitshea «Tchizé» et José Paulino dos Santos «Coreon Du». Le seul (pour le moment) à avoir échappé à cette purge qui ne dit pas son nom, est José Filomeno dos Santos, qui est à la tête du Fonds souverain de l’Angola (FSDEA), qui gère 5 milliards de dollars d’actifs de l’Etat.
Resté président du MPLA, José Eduardo dos Santos n’a pas, encore, réagi à cette situation. On ne sait même pas s’il va, publiquement, réagir, l’école de l’ex-soviétique dont il est un digne adepte privilégiant la discrétion.
Si le parti est une forte soupape de sécurité pour lui, dos Santos a bien peser le pour et le contre avant de prendre la décision de se retirer, en août dernier, du pouvoir d’Etat, même si certains voisins l’invitaient à rester en place en déléguant le maximum de responsabilités.
Désireux de redistribuer les cartes, dans un contexte de très forte crise économique et financière, Joao Lourenço laissera-t-il intacte la fortune personnelle d’Isabel ? Car âgée de 44 ans, elle est présentée comme étant la femme la plus riche d’Afrique avec une fortune de 3,3 milliards de dollars. En effet, elle dirige un immense empire financier dont une importante partie est placée au Portugal, l’ancienne puissance coloniale de l’Angola. Son portefeuille inclut des participations dans les télécommunications (Unitel, premier opérateur d’Angola, et le géant Nos au Portugal) et les banques (BIC en Angola et PBI au Portugal).
Conséquence : elle n’avait vraiment pas besoin de présider la plus grande entreprise du pays, en plus. Elle est, déjà, suffisamment, occupée. Pour consolider le pouvoir de sa fille à la tête de la Sonangol, le président, José Eduardo dos Santos, avait fait voter, en 2016, une loi destinée à la maintenir, indéfiniment, à son poste, et empêcher le nouveau président d’intervenir, directement, dans la gestion de la compagnie. Malheureusement, elle ne pourra pas bénéficier de cette disposition, Joao Lourenço ayant contourné l’obstacle en la limogeant.
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Limogeage de la Sonangol
Joao Lourenço prend ses marques.