Ce lundi, 31 octobre 2022, Washington a sommé Kigali d’arrêter tout soutien apporté au groupe armé M23 (March 23 Movement en anglais), dont les activités meurtrières dans l’Est du Congo ont récemment repris.
Cette déclaration du gouvernement américain fait suite aux suspicions dont avait fait part le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, en août dernier, lors d’une visite dans les deux pays africains, et selon lesquelles, Kigali serait derrière le financement des rebelles en question.
Face à la montée de tensions entre les deux pays voisins, le président, Tshisekedi, a procédé à l’expulsion de l’ambassadeur rwandais au Congo, Vincent Karega, et rappelé son représentant à Kigali dans la foulée, bien que son homologue, le président, Kagamé, ait choisi de ne pas appliquer la réciprocité de cette mesure de crise diplomatique.
Kagame, qui dément les accusations formulées à son encontre et est en froid depuis des mois avec Tshisekedi, risque très gros dans cette affaire et a tout intérêt à ce qu’elle soit vite résolue.
En effet, les premiers éléments de découverte de l’origine du soutien au groupe M23 avaient suscité, en juillet dernier, l’indignation du président de la Commission des affaires étrangères au Sénat, Bob Menendez, qui avait menacé de bloquer la mise à disposition dans le futur des fonds octroyés au Rwanda dans le cadre des programmes d’aide financières.
L’idée selon laquelle Kigali, qui a reçu plus de 147 millions de dollars de la Maison Blanche sous forme d’aide financière en 2021, soit en train d’utiliser cet argent pour déstabiliser Kinshasa est particulièrement troublante.
La résolution de ce conflit nécessite donc un premier pas de Kagame, qui doit mettre fin à toute collaboration avec le Groupe rebelle M23, pour regagner en crédibilité et en confiance auprès de Tshisekedi.
Paul Patrick Tédga
MSc en Finance (Johns Hopkins University-Washington DC)