Josep Borrell, le diplomate le plus gradé de l’Union Européenne, chef de la diplomatie de l’Union européenne, a qualifié, en octobre dernier, les pays non-européens de « jungle », en comparaison au « jardin » qu’est, selon lui, l’Europe, à l’occasion de l’inauguration de l’académie diplomatique européenne de Bruxelles. Un véritable scandale que ses amis européens veulent passer sous silence.
Force est de constater que ses propos, qui avaient provoqué un véritable tollé dans le monde entier, ne faisaient en réalité que traduire le sentiment de la (soi-disant) supériorité que les dirigeants européens ont vis-à-vis des autres nations, en particulier, celles d’Afrique.
En effet, malgré la vague de critiques qui s’en est suivie, ni Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission de l’Union européenne, son supérieur hiérarchique direct, ni aucun dirigeant de pays membres n’a, publiquement, réagi à ce sujet jusqu’à ce jour. Un double scandale car on n’imagine pas ce que seraient les réactions des Européens si c’était Poutine.
Pourtant, il n’aura fallu, par exemple, que quelques heures au chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, pour se dire « heurté » par les « mots intolérables » du député du Rassemblement national, Grégoire de Fournas, adressés en pleine assemblée, le 3 novembre dernier, au député de la France insoumis, le très insoumis, Carlos Martens Bilongo, et d’exprimer tout son soutien à ce dernier. De l’indignation sélective n’est-ce-pas ?
Josep Borrell, qui a tout de même eu l’occasion de s’expliquer, a préféré faire allusion à la liberté d’expression, plutôt que de s’excuser, confirmant ainsi qu’il n’a rien à faire à un poste aussi sensible, lui qui est censé être le garant de la politique étrangère de l’UE.
On comprend donc mieux pourquoi le rapport 2022 de la Fondation Afrique-Europe conclut que « la relation Afrique-Europe est à son plus bas niveau depuis une décennie ». Et à cette allure, les relations euro-africaines iront encore plus bas jusqu’à trouver du pétrole car en Afrique, on clame la fin de la colonisation, qui est le refus de la domination d’une Europe qui n’a que trop exploité l’Afrique.
Paul Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)