ARRESTATION DE SADDAM HUSSEIN : Les langues se délient (après la version manipulée des Américains)

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Saddam Hussein a été pendu le 30 décembre 2006, le jour de la fête religieuse d’Al Adha. Ce papier est publié à l’occasion de la commémoration du 17 e anniversaire de la pendaison de l’ancien président irakien Saddam Hussein, et rapport, essentiellement, les témoignages dont ceux de Paul Bremer et de l’ancien interprète irakien, qui avait travaillé pour l’armée américaine.

Paul Bremer, pro-consul américain en Irak (2003-2004), a rompu le silence 22 ans après la fin de sa mission pour révéler les conditions de la capture du dirigeant baasiste : «J’étais dans ma chambre à coucher dans le complexe ultra sécurisé de Bagdad, quand j’ai reçu un appel téléphonique de mon adjoint. J’ai décroché. Mon interlocuteur m’a avisé alors que je devais me rendre sur le champ à mon bureau pour recevoir une communication sur une ligne sécurisée, sans qu’il m’informe de l’identité de la personne qui devait me téléphoner», a déclaré Paul Bremer dans une interview dont la version arabe a été publiée par le site en ligne «Ar Rai Al Yom» en date du 11 décembre 2021.

«L’affaire ne peut souffrir la moindre attente», a ajouté, laconique, son adjoint.

«Je me suis ainsi rendu à mon bureau à 7H45. Le général, John Abizaid, commandant en chef des troupes américaines en Irak, était au bout du fil : «Ils ont arrêté une personne que l’on présume être Saddam Hussein. Il a été repéré dans une cache, dans une ferme, près de Tikrit, la région natale de Saddam Hussein », annonce le général, John Abizaid.

Réponse de Paul Bremer : «Quelle est la voie la plus rapide pour l’identifier ». La question s’imposait d’autant plus urgemment que Saddam Hussein faisait usage de sosies pour des raisons de sécurité.

John Abizaid : Nous allons le transporter à bord d’un hélicoptère pour organiser une confrontation avec des personnalités irakiennes en état d’arrestation, parmi lesquels, Tareq Aziz, ancien vice premier ministre et ministre des Affaires étrangères d’Irak et très proche de l’ancien président pour la simple raison que d’anciens collaborateurs de Saddam Hussein disposent de son ADN.

Saddam Hussein est arrivé quatre heures après son arrestation et son ADN avait été entre-temps confirmé.

Paul Bremer : «J’ai alors contacté Condoleezza Rice, conseillère pour la sécurité nationale du président George Bush Jr, pour l’informer de l’arrestation de Saddam Hussein. Pendant ce temps-là, les militaires américains mettaient au point un plan pour placer Saddam Hussein à bord d’un navire de la flotte américaine basée dans le Golfe…..J’ai exprimé mon opposition à cette mesure au général, John Abizaid, pour la simple raison que Saddam Hussein était un prisonnier irakien et qu’il ne pouvait donc pas être extrait de son pays……… Personne ne nous croira que nous ayons procédé à l’arrestation de Saddam Hussein. Il importe, au contraire, de le présenter captif à l’opinion publique», a fait valoir Paul Bremer.

A la question de savoir pourquoi Saddam Hussein a-t-il été été livré à des excès de la part de ses geôliers, alors que les Etats-Unis avaient souscrit aux conventions internationales relatives aux droits humains impliquant, dans le cas d’espèce, le traitement de l’ancien président selon les normes de la justice internationale, Paul Bremer a répondu : « En janvier 2005, après son départ d’Irak, un rapport officiel de l’inspecteur général pour la reconstruction de l’Irak, Stuart Bowen, cité dans Time, signale la disparition de 9 milliards de dollars américains destinés à la reconstruction de l’Irak en fraudes, corruption et autres malversations. Sur un registre de salaires en particulier, seuls 602 noms sur 8.206 peuvent être confirmés. L’un des autres exemples cités par le rapport signale que l’autorité de la coalition avait autorisé des officiels irakiens à retarder les déclarations de réception de 2,5 milliards de dollars reçus au printemps par le gouvernement provisoire par l’entremise du programme «pétrole contre nourriture». L’ambassadeur Bremer réplique par une lettre de huit pages, qui nie toutes les accusations du rapport.

Le président américain, Donald Trump, fraîchement, élu et intronisé en janvier 2017, a inauguré son mandat par un grand coup financier. A la manière des nouveaux «capo» des mafias, pour marquer sa prise de pouvoir, il a ordonné au Trésor américain de bloquer les comptes bancaires d’une vingtaine de hauts dirigeants irakiens, qui ont accédé au pouvoir après l’invasion de l’Irak, en 2003, et l’arrestation, puis, l’exécution du président, Saddam Hussein.
Le Trésor américain a recensé 22 comptes bancaires alimentés en dollars américains, totalisant 553 milliards de dollars ! 22 comptes bancaires appartenant à des personnalités politiques irakiennes, dont l’immense majorité est, aujourd’hui, au pouvoir, considérés comme des alliés des Etats-Unis.

Cette décision historique est en fait un véritable braquage financier et un hold up, en ce qu’elle s’est passée sous la forme d’un coup de force et non dans le cadre d’une procédure judiciaire contradictoire comme cela se passe, en Europe, en France, avec la formulation judiciaire du «procès de biens mal acquis».


Le surprenant est que le président Trump a estimé que cet argent confisqué revenait de droit au peuple américain «en réparation du sang versé par les soldats américains en Irak».

Toutefois, les versions sur l’arrestation de Saddam Hussein divergent si l’on en croit le témoignage d’un ancien interprète irakien de l’armée américaine.

Firas Ahmad est un nom d’emprunt utilisé par l’interprète irakien lors de son service auprès de l’armée américaine, opérant en Irak lors de l’invasion de Bagdad (2003-2009). Firas Ahmad (41 ans) a servi auprès de la 101e division aéroportée, dont la célébrité a été popularisée par le film «Apocalypse Now» pour ses «exploits» durant la guerre du Vietnam. Au terme de sa mission, il a accompagné le retrait des troupes américaines vers les Etats-Unis où il a obtenu la nationalité américaine.

«Saddam n’a pas été déterré d’un trou. Il a été arrêté sur délation d’un de ses proches » : Firas Ahmad est formel.
«Le commandement américain a célébré l’arrestation de l’ancien président irakien au cours d’une grande réception offerte au palais Ar Rahab», ancien palais présidentiel dans la zone verte transformé en quartier général politico-militaire des États-Unis en Irak, a déclaré Firas Ahmad. Des personnalités politiques irakiennes y ont été conviées. C’est au cours des échanges que l’interprète irakien a appris les circonstances de l’arrestation de Saddam Hussein.

«La photo popularisée de son arrestation de même que le récit de sa capture sont des faux. Il a été intercepté, sur dénonciation d’un membre de son entourage, alors qu’il se trouvait dans un passage souterrain sur lequel avait été édifié une maison, qui lui servait de salle de réunion avec le commandement baasiste. La cache était d’une grande simplicité et comportait un lit, deux armes, un tapis de prière, un coran, un paquet de tabac et des sachets d’aliment lyophilisés », affirme-t-il. Et d’ajouter : «Saddam n’a pas opposé de résistance. Les soldats ont défoncé la porte en lançant des projectiles lacrymogènes et paralysants. Il a alors perdu connaissance. Les soldats américains l’ont alors traîné vers le fameux trou pour prendre la photo. La photo est un montage. Elle était destinée à discréditer Saddam. L’opération de sa capture avait pour nom de code «Chemin Rouge» ».

La thèse de l’avocat de l’ancien président irakien, Me Khalil Al-Douleimy

Coupé du monde, pourchassé intensément par les Américains, nullement, au fait des circonstances ayant présidé à son arrestation, Saddam Hussein avait mis en cause les hôtes de la ferme où il était planqué, la famille Nameq. Une accusation reproduite par son avocat Me Khalil Al Douleimy.

Mais, les choses n’étaient pas aussi simples que cela. Une traque intensive, des arrestations massives au sein du cercle rapproché de son entourage, particulièrement, le service de la protection de la sécurité présidentielle, le désir de vengeance d’un Irakien dont trois des membres de sa famille engagés dans la garde présidentielle, ont été exécutés sur ordre du dirigeant baasiste, enfin, l’aveu involontaire d’un garçon de douze ans ont constitué autant d’indices ayant, finalement, abouti à l’arrestation de l’ancien président irakien.

L’extraordinaire sang froid de Saddam Hussein face à ses bourreaux, face à la mort.

“Saddam est monté calmement à la potence, il était résolu et courageux”, admet un de ses pires adversaires, le conseiller à la sécurité nationale, Muwaffaq al-Roubaï. “Il n’a pas essayé de résister, n’a rien demandé. Il tenait un coran dans sa main qu’il souhaitait envoyer à une personne”. Il avait “les deux mains attachées quand il a été pendu”, confie-t-il .

Le juge a alors lu au président irakien la liste des chefs d’accusation portés contre lui, tandis qu’il répétait, en guise de réponse : « Mort à l’Amérique ! Mort à Israël ! Longue vie à la Palestine ! Mort aux mages perses ! Il ne l’a pas entendu regretter quoi que ce soit ».
Roubaï l’a ensuite amené dans la pièce, pleine de monde, où il allait être exécuté. En voyant la potence, Saddam s’est tourné vers lui et en le regardant droit dans les yeux, lui a dit : «Docteur, est cela pour les hommes !».

Ses dernières paroles ont été : “J’espère que vous resterez unis et je vous mets en garde : ne faites pas confiance à la coalition iranienne, ces gens sont dangereux.” L’ancien président, âgé de 69 ans, a été pendu le jour de la fête religieuse musulmane d’Al Adha (fête du sacrifice).

Le rôle de Mu’ammar Kadhafi (Libye) et Ali Abdallah Saleh (Nord Yémen) dans le financement de la défense de l’ancien président irakien

Me Bouchra Khalil, membre de l’équipe de défense de Saddam Hussein, a révélé, pour sa part, que le président libyen, Mu’ammar Kadhafi, avait pris en charge les honoraires de l’équipe des avocats chargés de la défense de l’ancien président irakien.

Le colonel, Kadhafi, a ordonné le virement d’une somme d’argent pour la défense de Saddam Hussein. Le virement à été fait à Raghad Saddam Hussein, la fille aînée du président irakien.

Depuis Amman où elle s’était réfugiée, Raghd a assuré le transport des avocats de leurs lieux de travail vers l’Irak, réglant leurs honoraires de même que leurs frais d’hébergement, de déplacement et de séjour dans les hôtels de Bagdad.

Le président nord-yéménite, Ali Abdallah Saleh, a ajouté Me Bouchra Khalil, a apporté sa contribution financière aux dépenses générées par la défense de Saddam Hussein.

L’avocate n’a, toutefois, pas précisé le montant des contributions respectives des deux dirigeants arabes.

René Naba

Fondateur de madaniya.info

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