Le président de l’Etat du Vatican, le pape, François, est arrivé, mardi, 31 janvier, en début d’après-midi, à Kinshasa, capitale de la RDCongo pour une étape de quatre jours dans le plus grand pays catholique d’Afrique. Une visite très attendue par les Congolais, la première d’un souverain pontife depuis 1985, soit sous le pontificat de Jean-Paul II. Le pape, François, a dénoncé, très fortement, en utilisant un vocabulaire particulier, les nombreuses et multiples ingérences dont la RDCongo et par extrapolation, l’Afrique, fait l’objet qui l’empêchent de se développer. Des mots forts qui laisseront un impact dans ce pays où le pouvoir central a du mal à contrôler toutes les richesses du pays.
« Otez vos mains de l’Afrique ! », a, immédiatement, lancé le Saint-Père dans un pays, immensément riche, mais où la pauvreté a élu domicile et ne semble pas vouloir quitter les lieux. A bas le « colonialisme économique » des Chinois, des Belges, des Américains, des Français, des Libanais, qui « se déchaîne » dans ce pays qui n’arrive pas encore à se protéger lui-même.
« Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser », a renchéri le pape, dans un discours en italien prononcé devant les autorités et le corps diplomatique au palais présidentiel. Ses mots (traduits simultanément en français) ont été applaudis, résonnant particulièrement en RDCongo, pays au sous-sol d’une immense richesse et à la terre fertile, dont les deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour. La RDCongo est considérée comme un scandale géologique à cause de l’immensité de la richesse de son sous-sol.
Le « colonialisme économique » était le fait de multinationales et pays lointains, mais des pays voisins de la RDCongo sont désormais accusés, eux aussi, du pillage des ressources de la RD Congo, qui leur profite économiquement et alimente les conflits. D’aucuns dans l’opposition indexent, beaucoup plus, la faible gouvernance du pays qui n’arrive pas à empêcher cette situation. L’élection présidentielle arrive à grands pas le 20 décembre 2023, avec plusieurs candidats porteurs de programmes les uns, plus ambitieux que les autres, de Martin Fayulu à Moïse Katumbi en passant par Jean-Pierre Bemba. Les élections ne pourront certainement pas se dérouler sur l’ensemble du territoire de façon paisible. En effet, l’Est de la RDCongo compte des dizaines de groupes armés, dont des rebelles islamistes, qui prennent pour cible des civils. Même l’Etat islamique (EI) y perpétue, déjà, des attentats, ce qui ne laisse présager rien de bon quand on connait le jusqu’au boutisme de ce groupe djihadiste.
Le pays, pendant la visite du pape, connaît un calme légendaire, mais qu’en sera-t-il après son départ et à mesure qu’on s’approchera de l’élection présidentielle de décembre ? Le pape a souhaité des élections libres avec un rôle d’arbitre dévolu à la CENCO, mais qui se souviendra encore du message du pape quand, pendant les meetings, on se lancera dans les insultes et les invectives ? Autant dire que voyage du pape ou pas, la RDCongo est face à son destin, tout seul, même si, de par le monde, les chrétiens catholiques ont été sollicités pour prier pour elle. Mais charité bien ordonnée commençant par soi-même, il faudrait d’abord que les fils et les filles de la RDCongo montrent que les prières récitées pour eux, trouvent un creuset porteur dans le pays.
Il s’agit du quarantième voyage international de François depuis son élection en 2013, le cinquième sur le continent africain. Après Kinshasa, il rejoindra, vendredi, 3 février, Juba, la capitale du Soudan du Sud, plus jeune Etat du monde et parmi les plus pauvres de la planète où les deux grands leaders du pays, Salva Kiir Mayardit et Riek Machar, dont il baisa les pieds, le 12 avril 2019, à Rome, sont, toujours à couteaux tirés montrant que tant que l’un des deux ne sera pas éliminé, le pays ne connaîtra jamais la paix.