Personne ne sait exactement ce que le président, Emmanuel Macron, est parti chercher à Brazzaville, où ce voyage n’était nullement prévu au départ. Celui-ci a été ajouté au dernier moment, sur insistance, du président, Denis Sassou-Nguesso, au point où même au Quai d’Orsay, on a du mal à l’expliquer.
Déjà, lors de sa conférence de presse à l’Elysée, le 27 février, Emmanuel Macron avait du mal à expliquer ce qu’il allait y faire. D’autre part, pour un chef d’Etat qui dit vouloir en finir avec la Françafrique, quelle contradiction !!! Ajouter pour quelques heures d’escale, une capitale (à problèmes) où la diplomatie française n’a rien à gagner, sinon des coups à prendre, on a du mal à comprendre les décisions du jeune président qui, semble-t-il, sont parfois prises au pif, instinctivement, au point de déconcerter ses services.
A Brazzaville, le vieux briscard a piégé le jeune président. Il a allongé le séjour de 4 à 7 heures, voire, le double, en mettant des choses qui n’étaient nullement inscrites au programme. Tenez par exemple ce repas dont les Français voulaient se passer. Il a pris plus d’une heure. D’autre part, personne n’oubliera la séance de photos de Macron avec les enfants Sassou. Chacun voulait son plan avec le président français. Un véritable piège tendu au jeune président, qui annonce urbi et orbi la mort de la Françafrique. C’est la troisième fois d’ailleurs qu’il le dit depuis son voyage à Ouagadougou en novembre 2017.
Et pour couronner le tout, il y a eu cette conférence de presse, qui n’était pas du tout prévue et que le dictateur a réussi à imposer à son jeune homologue. De la pure ruse diplomatique qui a fait que toutes les caméras furent braquées sur cet instant que Macron voulait éviter à tout prix. Les surprises ne s’arrêtent pas là. Après le speech du président français, Sassou a pris la parole pour rappeler à toute l’assistance que son homologue avait oublié de signaler qu’il avait accepté de sponsoriser la convocation d’une conférence internationale sur les trois forêts (Amazonie, Asie du Sud-Est et Bassin du Congo), à Brazzaville, dans les prochains mois. Macron, qui avait, volontairement, omis d’en parler pendant sa prise de parole, a été obligé de l’admettre quand Sassou l’a pris à témoin pour lui rappeler qu’ils avaient convenu ensemble qu’il reviendrait à Brazzaville (non plus pour passer quelques heures mais deux ou trois jours) à l’occasion de cette conférence internationale qu’il va parrainer (notre photo de cette conférence de presse imposée par le maître des lieux à son homologue).
Voilà donc le résultat de la « visite de travail » de quelques heures du président français, qui a alerté le monde entier qu’il allait mettre fin à la Françafrique. Il se souviendra longtemps de la roublardise de son « cher » Denis Sassou-Nguesso, qui n’a même pas eu à évoquer des questions de politique intérieure qui fâchent, poussant Macron à ne parler que de son initiative de faiseur de paix en Libye et en Centrafrique. Pas un mot, non plus, sur l’opposition, qui lui demande de convoquer un dialogue politique et de libérer les prisonniers politiques qui l’avaient battu à l’élection présidentielle de 2016 et qu’il maintient, arbitrairement, en prison après leur avoir collé des faux motifs d’atteinte à la sûreté de l’Etat, et détournement de fonds publics. Il s’agit entre autres de l’ancien ministre André Okombi Salissa et du général Jean Marie Michel Mokoko.
Le séjour de quelques 4 heures à Brazzaville a tellement traîné que le président Macron est arrivé à Kinshasa quelque temps avant minuit. Une véritable punition pour lui et celui qui l’attendait à l’aéroport de Ndjili, le président rdcongolais, Félix Tshisekedi. Ca apprendra à Macron de clamer sur tous les toits d’Afrique et d’Europe qu’il a supprimé la Françafrique.