L’Elysée a annoncé, vendredi, 7 avril, en cette journée de commémoration au génocide des Tutsi, qu’un monument à la mémoire des victimes sera érigé sur les quais de Seine en plein cœur de Paris. Un geste «symbolique et important», qui pourrait être salué par les rescapés de la tragédie.
Cette décision a été annoncée pour les commémorations du 29e anniversaire de la tragédie. Après les petits pas de Nicolas Sarkozy, qui avait effectué, en février 2010, un voyage à Kigali, une première pour un chef d’Etat français, après le génocide de 1994, voici ceux d’Emmanuel Macron. Le monument sera érigé rive gauche non loin du ministère des Affaires étrangères et juste en face, sur la rive opposée, du monument à la mémoire des victimes du génocide arménien.
Il s’agit de «rendre un hommage national, visible et permanent à la mémoire des victimes», a indiqué l’Élysée, qui lancera avec la ville de Paris un appel d’offres fin mai. «Nous sommes ravis, c’est très important. Paris est une ville qui parle au monde, et c’est la démonstration que la France, qui a beaucoup progressé dans la reconnaissance du génocide des Tutsis du Rwanda, reconnaît son histoire», selon Marcel Kabanda, président de l’association de rescapés Ibuka France. «C’est un geste d’apaisement des mémoires entre la France et le Rwanda et d’apaisement des cœurs des rescapés du génocide», a-t-il ajouté.
Plus de 800.000 personnes selon les Nations-Unies, essentiellement, des membres de la minorité tutsi, ont été massacrées dans des conditions abominables entre avril et juillet 1994, un génocide orchestré par le pouvoir de la majorité hutu. La France, qui entretenait des relations étroites avec le régime rwandais, a longtemps été accusée de «complicité» par Kigali. Une commission d’historiens mise en place par le président, Emmanuel Macron, a conclu, en 2021, à des «responsabilités lourdes et accablantes» de la France, tout en écartant la complicité. Ce rapport a permis un rapprochement inédit entre Paris et Kigali après des décennies de tensions.
La décision d’ériger un monument permet de «reconnaître l’importance extrême de la catastrophe de 1994», a estimé, pour sa part, Vincent Duclert, le président de la commission d’historiens. Il a pointé «l’emplacement très symbolique» juste à côté du ministère des Affaires étrangères, «un des hauts lieux du pouvoir, dont on connaît désormais la responsabilité dans le génocide». Il existe déjà à Paris un jardin de la mémoire au parc de Choisy, dans le Sud de la capitale, et une stèle au cimetière du Père-Lachaise (Nord-Est).