SOUDAN : La guerre des généraux

A l’occasion de la fin du ramadan, le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a demandé, jeudi, 20 avril, une trêve de trois jours aux belligérants, pour permettre aux civils de bénéficier de soins médicaux et d’accéder à de la nourriture et à d’autres produits de première nécessité. Antonio Guterres n’a pas indiqué quand le cessez-le-feu pourrait entrer en vigueur. L’Aïd al-Fitr a débuté vendredi au Soudan. Le secrétaire général a déclaré que les opérations humanitaires étaient devenues « virtuellement impossibles » depuis le début des combats samedi, et que les entrepôts, les véhicules et les autres biens des organisations humanitaires avaient été attaqués, pillés et confisqués. Les Nations-Unies ont même perdu trois personnels humanitaires pendant les combats. Actuellement, on est proche de 350 morts et 3500 blessés (après six jours de combats) dans une capitale où il n’y a plus d’hôpital réellement opérationnel. La vingtaine d’hôpitaux de Khartoum est hors service. La situation est tellement grave que certains pays à l’instar des Etats-Unis commencent à exfiltrer leurs ressortissants. Plus de 20.000 Soudanais ont déjà traversé la frontière tchadienne. Pour l’heure, les efforts déployés par le président tchadien de transition pour obtenir un cessez-le-feu, n’ont pas encore donné un résultat probant. Le général-président, Mahamat Déby Itno, connaît, personnellement, les deux chefs de guerre, le général al-Burhane, l’actuel chef de l’Etat, et le général Daglo dit Hemedti, le chef des miliciens. Les deux généraux entretiennent à la fois de bonnes relations avec Washington et Moscou. C’est ainsi que les Etats-Unis avaient enlevé le Soudan de la liste noire des pays terroristes quand Omar el-Béchir a perdu le pouvoir. A la demande de Washington, aussi, ce dernier a été emprisonné et traîné devant les tribunaux de Khartoum juste pour l’humilier. Washington demandait même que Béchir soit envoyé à la CPI. Toute cette situation en ajoute à la complexité de la marge de manoeuvre qu’on peut avoir pour réconcilier les deux généraux. Chacun dispose de puissants soutiens sous-régionaux. al-Burhane est un grand ami du maréchal al-Sissi d’Egypte tandis que le général, Hemedti, est le poulain des Saoudiens. Après avoir géré l’après-Omar Béchir ensemble, avec comme numéro un le général al-Burhane, Hemedti pense que son heure a sonné. Il veut, aussi, toucher au graal avant qu’il ne soit remis aux civils.

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