La médecine traditionnelle va bientôt connaître un tournant historique. En effet, en août prochain, se tiendra la première édition du Sommet de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la médecine traditionnelle. Un pas de géant vers ce qui s’apparente à la reconnaissance de cette industrie qui, bien que contribuant chaque année à adresser les besoins en matière de santé de plusieurs millions de personnes, a longtemps été marginalisée par les pouvoirs publics, certainement, en raison de l’influence des grands groupes pharmaceutiques, soucieux de leurs objectifs de rentabilité.
Mais un tel développement n’aurait certainement pas été envisageable d’aussitôt sans l’avènement de la Covid-19, qui a réveillé en l’humanité le désir de renouer avec la nature et ses produits dérivés. Alors que la pandémie battait son plein, et que seuls les vaccins semblaient offrir une chance de survie, les pays développés, alarmés par l’augmentation quotidienne de leur nombre de morts, oublièrent l’Afrique lors du partage des doses, l’obligeant à trouver une alternative avec des moyens largement insuffisants. Une opportunité qui fut saisie par nombre de cerveaux du continent, et qui mena à la production de solutions naturelles, permettant ainsi d’éviter l’hécatombe prédite par la plupart des médias étrangers. C’est ainsi qu’il y eut, par exemple, le Covid Organics à Madagascar ou le Gulbe Tara au Cameroun, et beaucoup d’autres traitements, qui furent un grand bien aux populations africaines et pas que (sur notre photo, le dynamique président de Madagascar Andry Rajoelina malgré les fortes réticences de l’OMS présente le 20 avril 2020 à Antanarivo le Covid Organics qui sera plus tard commandé par avions entiers par plusieurs chefs d’Etat africains). L’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kléda, qui est un naturopathe né, avait, de son côté, conçu un traitement (Elixir) qui était distribué gratuitement au sein de tous les services de santé des évêchés du Cameroun, les frais de fabrication étant assurés par les fidèles volontaires, des hommes d’affaire et quelques personnalités politiques. Bref, l’Afrique n’a pas eu besoin de vaccins occidentaux hors de prix pour se sortir de la covid-19. Elle a, juste, utilisé ses propres produits de terroir pour répondre aux attentes de ses malades, et ça a marché.
Ce sont ces solutions que l’OMS entend, aujourd’hui, développer et promouvoir en vulgarisant l’accès dans tout le monde entier, surtout, après s’être aperçue que 88% des pays dans le monde y ont recours, et qu’elles sont à la base de la fabrication d’un pourcentage significatif de médicaments phares.
Une initiative qui a séduit l’Inde, pays où l’utilisation de la médecine non-conventionnelle remonte à plusieurs millénaires, au point de pousser les autorités à s’associer avec l’institution sanitaire, et s’engager à investir 250 millions de dollars américains sur les 10 prochaines années pour exploiter le potentiel méconnu de la médecine traditionnelle, et optimiser sa contribution à la santé mondiale, à la couverture sanitaire universelle et au développement durable.
Toutes les parties prenantes (médecins traditionnels, législateurs, chercheurs, représentants du secteur pharmaceutique, représentants d’institutions internationales, activistes etc…) sont attendues pour ce premier sommet, qui aura lieu les 17 et 18 août 2023 à Gandhinagar (Inde), et qui promet d’être riche en débats, questionnements, données factuelles, etc…
Les mastodontes de l’industrie pharmaceutique doivent-ils être anxieux? Probablement que oui.
Paul Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)