Dans son ouvrage intitulé, « Mariages forcés et viols à ciel ouvert », et présenté à N’Djamena, le 03 juin dernier, l’écrivaine, Ousseina Ahmat Darkou, aborde une thématique particulièrement ancrée dans la culture et les mœurs des Tchadiens.

Elle y dénonce la passivité du système judiciaire de son pays vis-à-vis des droits des femmes, dont les violations demeurent fréquentes, tout en évoquant le sentiment d’impuissance des victimes et le sentiment d’impunité des hommes qui en découlent.

Dans sa volonté d’améliorer la condition de la femme tchadienne, le défunt président de la République, Idriss Déby Itno, avait signé l’ordonnance n°006/PR/2015 punissant d’un emprisonnement allant jusqu’à 10 ans, ainsi que, d’une amende maximum de 5 000 000 F CFA toute personne ou entité reconnue coupable d’implication dans un mariage d’enfant, suivie de la loi n°029/PR/2015 portant ratification de ladite ordonnance.  

Malgré l’existence de ces bases juridiques, la pratique se poursuit au Tchad, à un tel point que l’UNICEF estimait, en 2022, à 68%, la proportion des filles mariées avant l’âge de 18 ans, et à 25% celles à l’âge de 15 ans.

En se mariant aussi jeune, les filles se retrouvent exposées à une double vulnérabilité (financière et sanitaire) car elles ne disposent d’aucun bagage intellectuel leur permettant de générer des revenus, d’où leur entière dépendance à l’égard de leurs maris, et elles ont une connaissance limitée de leur corps.

Face à un tel fléau social dont les conséquences constituent un véritable frein pour le développement national, il est impératif que les autorités tchadiennes se donnent les moyens de sensibiliser les populations, ces dernières étant dépourvues de repères entre textes de loi, traditions, et réalités du quotidien.

La contribution de la femme au développement n’est un débat dans aucun pays au monde. Et le Tchad n’est certainement pas une exception.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)