Contrairement à ce que pourraient montrer les apparences, l’Afrique vit un véritable drame démocratique indescriptible. Même s’ils ne le disent pas, les chefs d’Etat, dans leur grande majorité, aimeraient mourir en fonction, ou tout le moins, y rester le plus longtemps possible, sans tenir compte des deux seuls mandats requis. Pour preuve, le refus du président, Macky Sall, de briguer un 3e mandat qui lui tendait les bras, est salué par le monde entier sauf en Afrique où ses homologues chefs d’Etat le boudent comme jamais.
Alors qu’à la présidence en exercice de l’Union africaine, c’est motus et bouche cousue, c’est le président de la Commission, chef de secrétariat de son état, qui a, disons-le, sauvé l’honneur et les qu’en dira-t-on en adressant un message de félicitation au président, Macky Sall : « Je salue la décision sage et salutaire de mon frère, le président, Macky Sall, de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle de 2024. J’exprime mon admiration au grand homme d’Etat qu’il est d’avoir privilégié l’intérêt supérieur du Sénégal et de préserver ainsi le modèle démocratique sénégalais qui fait la fierté de l’Afrique », a posté le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, sur Twitter.
Le président en exercice de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), Umaru Cissoco Embalo, lui, a été à la hauteur de l’événement. Dès la déclaration du président sénégalais rendue publique, il s’est empressé de l’appeler au téléphone pour le saluer et le féliciter : « Je viens d’avoir une longue conversation téléphonique avec mon frère aîné MACKY-SALL, Président sénégalais. Je salue avec fierté votre courageuse décision de grand homme d’Etat (voir les deux présidents au palais présidentiel de Dakar).
On peut succéder à MACKY-SALL, mais c’est difficile de le remplacer. Je souhaite au peuple sénégalais de continuer sur les chemins de la paix et du progrès ». Chapeau bas Mon Général, a-t-on besoin de dire au président bissau-guinéen et président en exercice de la CEDEAO.
En attendant la réaction du grand libéral d’Afrique de l’Internationale libérale de la sous-région, le président ivoirien, Alassane Ouattara, qui, lui, n’avait pas hésité de s’octroyer un 3e mandat, en 2020 et ce, au prix de dizaines de morts dont la tête d’un de ces derniers avait permis de jouer au ballon, à Daoukro, suscitant l’émoi de tout un peuple, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a sauvé l’honneur des chefs d’Etat francophones de cette sous-région : « Je salue l’annonce faite ce soir (lundi, 3 juillet) par le président du Sénégal Macky Sall. Je formule le vœu que cette décision mûrement réfléchie apaise définitivement le climat politique dans ce pays frère », a écrit le président du Niger, Mohamed Bazoum, dans un tweet.
Le père de l’alternance politique au Niger, Ingénieur, Mahamadou Issoufou, n’est pas resté indifférent à la décision de son ancien homologue du Sénégal : « Le président Macky Sall vient de faire preuve d’une grande intelligence politique. Ainsi, le Sénégal reste un des porte-flambeaux dont la flamme éclaire notre continent », a-t-il souligné, lui qui avait fait deux mandats de 5 ans, avant de quitter le pouvoir comme le prescrit la constitution du Niger.
Dans son discours à la nation, lundi, 3 juillet, le président, Macky Sall, en deux phrases, avait mis tous les Sénégalais d’accord : « Après avoir écouté et reçu tous les soutiens de la troisième candidature, ma décision longuement et murement réfléchie est de ne pas être candidat à la présidentielle de février 2024 même si la révision de la constitution de 2016 me donne le droit de poser ma candidature ».
Et d’ajouter : « Le Sénégal dépasse ma personne… J’avais dit en 2019 que mon mandat de 2019 est mon dernier mandat. Je respecte les Sénégalais et je reste digne de ce que j’avais dit », a conclu le président de la République du Sénégal, Son Excellence, Macky Sall.