Alors que le président, Mohamed Bazoum, a présidé, mardi, 25 juillet 2023, sur la route de Filingué, la cérémonie officielle de lancement des travaux de la première phase de son programme d’aménagement et de bitumage des voiries de Niamey, sur une soixantaine de kilomètres pour un coût de 50,8 milliards de F CFA grâce à un financement mixte Etat du Niger/Banque ouest africaine de développement (BOAD), il a été réveillé, ce mercredi, 26 juillet, matin, par un coup d’état qui est mené par sa propre garde présidentielle (GP).
Plusieurs ministres dont le ministre de la Défense sont, actuellement, en état d’arrestation. Quant au président de la République, il est en sa résidence avec les putschistes qui seraient en train de négocier avec lui. Peut-être chercheraient-ils à lui faire signer, pacifiquement, la démission de ses fonctions de président de la République. Ironie du sort : au même moment, celui à qui Bazoum aimait donner des leçons, à savoir, Assimi Goïta, est dans un avion en partance pour Saint-Petersburg, à l’invitation de Vladimir Poutine, le président russe.
Arrivé au pouvoir en avril 2021, après une alternance démocratique, Mohamed Bazoum identifie sa présidence par des erreurs. C’est comme s’il n’avait pas été préparé à la fonction alors que Ingénieur, Mahamadou Issoufou, qui est resté, pendant deux mandats de cinq ans, à la tête de l’Etat et qui n’avait jamais essuyé une tentative de coup d’état, avait fait de lui son adjoint au sein du parti, le PNDS, mais aussi, au sein du gouvernement où il occupait un stratégique poste de ministre de l’Intérieur avec un statut de dauphin quasi-officiel. Mais que d’erreurs une fois arrivé aux affaires.
Donneur de leçons aux présidents de transition du Mali et du Burkina Faso à qui il ne cessait de dire à la moindre occasion que leur place était dans les casernes, il ne semblait pas lire, sérieusement, les mises en garde d’Afrique Education qui lui reprochait de ne pas être à la hauteur de la charge que les Nigériens lui avaient confié. Bazoum comme certains de ses homologues africains n’aiment lire que les magazines complaisants à leur égard.
L’Union africaine, la CEDEAO que préside actuellement le nouveau président du Nigeria, Bola Tinubu, et l’Union européenne, condamnent sans réserve cette tentative de coup d’état et demandent la libération du président, Mohamed Bazoum. Condamnations du reste classiques ! De l’autre bout du monde, en Nouvelle Calédonie, où il se trouve actuellement, le président, Emmanuel Macron, dont Bazoum est considéré comme l’un des chouchous (avec l’Ivoirien Ouattara), suit les événements non sans inquiétude. C’est le Niger qui avait accueilli la Force Barkhane quand elle fut chassée du Mali il y a deux ans. Sa présence au Niger en cas d’éviction de Bazoum est donc un gros sujet d’inquiétude pour les autorités françaises. On peut le comprendre.
Souhaitons toutefois que les choses se passent bien pour Bazoum et que les militaires de la GP qui le gardent en otage reviennent à de meilleurs sentiments et lui donnent une ultime chance de changer sa détestable politique de lutte contre les djihadistes (que nous dénonçons) et qu’il est seul à suivre dans le Sahel, et qu’il cesse de passer son temps à dénigrer ses voisins du Mali et du Faso avec qui il devrait plutôt travailler main dans la main. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Mais ceux qui le détiennent actuellement lui donneront-ils encore cette possibilité ?