Comme on vous l’avait annoncé, la montagne, une fois de plus, a accouché d’une souris. En effet, les braves généraux de la CEDEAO, sont rentrés dans leurs pays la queue entre les jambes. Après avoir passé un agréable séjour de quarante-huit heures à Accra, parfois, en compagnie galante comme aiment les militaires ( en plus, le Ghana sait être hospitalier), ils ont donné raison à ceux qui disent que la transition (que certains refusent de voir) a déjà cours au Niger, qu’on le veuille ou non.
Sinon, à quoi sert le premier ministre, Ali Zeine, récemment, nommé par le général-président, Abdramane Tchiani ? Après deux jours de consultation, il a fait nommer par le président du CNSP le premier gouvernement militaire composé de 21 ministres y compris le premier d’entre eux. Depuis plus d’une semaine, le gouvernement est au travail. Pour preuve, on a vu Ali Zeine être reçu, à N’Djamena, par le général-président, Mahamat Déby Itno, et annoncer à la fin de cette audience que « Le Niger est en transition ». On le savait déjà. Car après avoir pris le pouvoir le 26 juillet, on n’a pas besoin de faire la faculté de droit de l’Université Abdou Moumouni de Niamey pour savoir que le pays ne peut qu’entrer en transition dès lors qu’un gouvernement a été constitué et est au travail. Son objectif est de trouver les moyens pour contourner le blocus érigé par la CEDEAO, afin de réduire la souffrance des populations.
Les chefs d’état major de la CEDEAO viennent de se retrouver pendant deux jours à Accra. Mais, rien de concret n’en est sorti. Et rien ne pouvait d’ailleurs sortir de leur réunion parce que les chefs d’Etat de la CEDEAO refusent de se poser les bonnes questions de peur d’affronter les bonnes réponses. Cette réunion des généraux est comme une montagne qui a accouché d’une souris. C’est vrai qu’ils ont discuté des questions ayant trait aux techniques militaires comme « l’autonomie logistique », « la reconnaissance de terrain », « l’organisation stratégique », « l’atelier sur les mouvements initiaux », etc. Mais, sans dénigrer leur travail, il faut dire que c’est du vent ! Ils ont tourné en rond. Car pour qu’une intervention militaire soit décidée, il faudrait que les chefs d’Etat se réunissent, à nouveau, en Sommet. Et il faut qu’ils aient les moyens de leur politique. Mais, avant, il faudrait que les chefs d’Etat comme Alassane Ouattara cessent de se prélasser dans des palaces parisiens pour rentrer en Afrique faire la guerre. Et ce n’est pas pour demain.
Cela dit, il faudra tenir compte de l’opposition en Afrique : si la Libye a été détruite sous nos yeux sans aucune réaction de notre part, les Africains ne se laisseront plus faire cette fois. S’il le faut, ils se transporteront au Niger pour combattre au côté de l’armée du Niger, les soldats de la CEDEAO financés par les impérialistes occidentaux. Les diasporas en France ont déjà commencé à se concerter, à cet effet, sur la façon d’apporter un appui fort à l’armée du Niger au cas où Alassane Ouattara, Macky Sall et Patrice Talon, réussissaient à envoyer leurs soldats à l’abattoir au Niger. On ne cite pas Bola Tinubu car il a les mains liées, son opposition interne et son sénat lui ayant déjà dit Niet, sans parler de la chefferie traditionnelle du Nord-Nigeria.
Comme l’Algérie, le Tchad, ainsi que, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, qui ont annoncé aller combattre aux côtés de l’armée du Niger en cas d’agression militaire de la CEDEAO, l’Union africaine demande un dialogue et le règlement de la crise par des moyens non militaires. Présent au Sommet de la CEDEAO, la semaine dernière, à Abuja, le président de la Commission Paix et Sécurité de l’UA, le président du Burundi, Evariste Ndayishimie, avait opposé une fin de non recevoir à une intervention militaire au Niger. Il sait de quoi il parle, lui, le général hutu, qui a combattu dans le maquis, pendant plusieurs années, pour obtenir la paix que le Burundi connaît aujourd’hui.
Dernière nouvelle, en Algérie (pays qui a annoncé son refus d’une intervention militaire au Niger), certains observateurs accusent la France d’avoir distribué des armes à la Côte d’Ivoire et au Sénégal et de travailler avec l’ancien rebelle touaregue devenu ministre d’Etat Rhissa Ag Boula, pour qu’il unisse les tribus du Nord du Niger en vue d’une sécession. Ces observateurs demandent, par conséquent, au gouvernement algérien de faire échec à ces manœuvres.
Macky Sall qui a annoncé son départ du pouvoir en mars 2024 à l’issue de l’élection présidentielle de février 2024 à laquelle il ne prendra pas part, risquerait de connaître le sort de l’ancien président, Amadou Toumani Touré, qui, un 22 mars 2012, fut victime d’un coup d’état militaire. En effet, un peu plus de deux mois avant la fin de son deuxième et dernière mandat, les soldats maliens sous la direction du capitaine, Amadou Haya Sanogo, le chassèrent de son fauteuil à cause de son attitude controversée face à la rébellion des djihadistes du Nord-Mali. Jamais un sans deux en Afrique de l’Ouest ?