Le professeur, Albert Ondo Ossa, est loin d’être un inconnu au bataillon. Ministre de l’Education nationale du patriarche, il s’était volontairement mis en retrait de la Une de l’actualité politique avant de créer la surprise générale en coiffant au poteau les candidats dont les noms étaient attendus pour représenter l’opposition à la présidentielle du 26 août, à savoir, le professeur, Alexandre Barro Chambrier et l’ancienne ministre de l’Education, Paulette Missambo. Ils étaient aussi ministres du patriarche tout comme Ali Bongo Ondimba lui-même.
Le professeur Ossa aura tout juste six jours pour vendre son programme alors que le candidat du PDG, Ali Bongo Ondimba, sillonne le Gabon depuis plusieurs mois. Avec les moyens de l’Etat. Dès lors, que faut-il en attendre ? Il faut être honnête : Trois fois rien ! Ce serait déjà bien que le professeur, Albert Ondo Ossa, puisse s’exprimer largement et à haute voix car cela ne lui sera pas garanti.
Il est candidat de l’opposition mais ça s’arrête là. Autrement dit, les autres opposants n’ont rien apporté à la caisse commune de campagne. Le candidat de l’opposition qui aurait dû être un trésor ambulant, Guy Nzouba Ndama, s’est comporté en (illustre) amateur, tout ancien président de l’Assemblée nationale qu’il fut durant de très longues années sous le patriarche et sous son fils. Conséquence, le candidat Ossa devra strictement compter sur ses seuls maigres moyens. Mais, c’est très bien s’il arrivait, déjà, à s’afficher comme une réelle alternative à la politique actuelle. Car personne ne sait de quoi demain sera fait à un moment où la CEDEAO est sens dessus-dessous.
En effet, personne n’aurait imaginé qu’en l’espace de 3 ans, la France soit huée, insultée, et puis, chassée de quatre pays (Mali, Burkina Faso, Guinée et Niger) où elle a fait la pluie et le beau temps pendant plus de 200 ans. Qui peut imaginer que ce mouvement épargne les pays de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) où on connaît, exactement, les mêmes problèmes ? On n’a pas besoin de faire la (célèbre) faculté de droit de l’Université Omar Bongo de Libreville pour l’imaginer. Ce n’est qu’un problème de temps. Même l’archevêque de Libreville ne peut dire le contraire. Pas plus que le grand imam de la Mosquée Hassan II de Libreville. Le mouvement actuel est irréversible. Et c’est doublement bien fait pour la France.
Après avoir enfermé à triple tour les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, pendant des siècles, les prisonniers ont, enfin, réussi à casser les verrous de la porte centrale de l’édifice, laissant échapper y compris par les fenêtres, le toit et les dépendances, tous ceux dont la liberté était confisquée et bafouée. Des centaines de millions de personnes.
Responsable de cette situation depuis des centaines d’années, la France doit faire très attention à elle car elle n’est plus sûre que ses anciens prisonniers qui lui en veulent et qu’elle a tant malmenés, lui laissent la vie sauve sans la forcer à rendre des comptes. Après tant d’années de souffrance.