S’il y a une chose que les Tchadiens désireraient avoir par dessus tout en ce moment, c’est bien l’accès permanent à l’électricité. Avec un taux d’électrification d’environ 11%, très loin derrière la moyenne de 48% observée en Afrique subsaharienne, le Tchad fait office de mauvais élève, surtout, au regard de la richesse de son sous-sol. Une situation paradoxale que le président de la transition, Mahamat Idriss Déby, pensait justement avoir réglé lorsqu’il procédait au changement, par décret, du directeur général de la Société nationale d’Electricité (SNE), il y a environ 6 mois.
Cette nomination, qui avait fait couler beaucoup d’encre, en raison de l’arrivée à un poste aussi stratégique d’un militaire, le général, Ramadan Erdebou, inexpérimenté en matière de gestion d’entreprise parapublique, pour faire croître la production d’électricité, continue de susciter des interrogations. Les coupures de courant s’étant depuis aggravées sur l’ensemble du territoire national.
A défaut de trouver comment soulager les populations tchadiennes, le nouveau patron de l’électricité s’est lancé dans un bras de fer avec son supérieur hiérarchique, le ministre des Hydrocarbures et de l’Energie, Djerassem Le Bemadjiel, pour une histoire de nomination. Un incident qui est parvenu jusqu’au niveau du chef de l’Etat, l’obligeant à faire intervenir un de ses plus proches collaborateurs, le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la république, Gali Ngoté Gata, pour mettre fin au différend entre les deux hommes.
Absorbé par plusieurs dossiers dont la construction ou la rénovation des infrastructures (Aéroport international Hassan Djamous et Pont de Chagoua) financés sur fonds propres de l’Etat, et la remise en question de la présence des troupes françaises à N’Djamena, notamment, après le récent décès d’un Tchadien tué par un soldat français, Mahamat Idriss Déby avait placé toute sa confiance en Ramadan Erdebou, allant jusqu’à certifier que les défis liés à la distribution électrique seraient bientôt de l’histoire ancienne, avec lui. Mais, c’était sans compter sur le fait que ce dernier ne pose que des actes de nature à décrédibiliser son patron. Ce qui amène à se demander jusqu’à quand le dirigeant tchadien fera preuve de patience envers lui.
La gestion de cette situation par le général-président témoigne, en tout cas, de sa tempérance dans la prise de décision, alors que les appels au limogeage du général, Ramadan Erdebou, ne cessent d’affluer de toutes parts.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)