Bola Tinubu connaît un début de mandat compliqué à la tête du Nigéria. Ayant de justesse évité le scandale historique qu’aurait créé une intervention militaire conduite au Niger par la CEDEAO dont il assure la présidence tournante, le dirigeant nigérian est, désormais, confronté à des crises d’ordre domestique.
En premier lieu, il y a l’insécurité. Répertoriés depuis si longtemps que les Nigérians se sont résignés à les intégrer dans leur quotidien, les enlèvements sont devenus encore plus fréquents. Pour preuve, une trentaine de personnes ont été kidnappées ces derniers jours, d’abord, un premier groupe de 25 personnes dans la région du Sud-Ouest, ensuite, un second groupe de cinq étudiantes quelques jours plus tard, cette fois-ci, dans le Nord-Ouest du pays. Bien qu’il n’ait fait qu’hériter de ce fléau en accédant à la magistrature suprême, le chef de l’Etat, Bola Tinubu, devra trouver comment l’endiguer. Pour le moment, il fait nettement pire que son prédécesseur, Muhammadu Buhari.
Vient ensuite l’inflation. La cherté de la vie est devenue insoutenable pour les populations locales. Asphyxiées par l’érosion de leur pouvoir d’achat liée à la dépréciation du naira et la suppression de la subvention du carburant, elles ont exigé des mesures immédiates au régime en place. Une préoccupation partagée par les deux syndicats les plus importants du pays qui ont menacé d’entamer une grève illimitée en cas d’inertie des autorités. Craignant le pire, Bola Tinubu a cédé en autorisant une hausse de salaire de 35 000 nairas pendant trois mois pour les travailleurs les plus modestes, ainsi que, la suspension de la TVA sur l’essence. Une annonce qui a poussé les syndicats à suspendre temporairement leur mouvement de grève.
S’étant donné un peu d’air, le locataire d’Aso Rock devra rapidement se pencher sur les réformes implémentées par ses équipes ayant conduit à cette situation économique. Car, il faut préciser que cette mesure gouvernementale au profit des ménages les plus pauvres s’avérera inutile si l’accroissement de la demande en résultant, entraîne un ajustement à la hausse des prix, puisque l’offre n’aura, quant à elle, pas augmenté.
On comprend mieux la volte-face du président nigérian sur le dossier du Niger. Avec de tels problèmes à régler sur le plan domestique, nul doute qu’un conflit armé avec un pays frère aurait fait imploser la première puissance économique africaine.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)