CAMEROUN : Décès de la première épouse de Ruben Um Nyobe de suite de maladie (à 98 ans)

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Décidemment, les veuves de Mpôdôl Um Nyobe ont décidé de ne pas traverser l’année 2023. Après le décès de sa seconde épouse, Marie Um Nyobe née Ngo Njock Yegba, le 13 septembre, voici au tour de Marthe Um Nyobe née Ngo Mayack de le rejoindre à l’au-delà. Cette dernière est décédée, lundi, 27 novembre, de courte maladie, à l’âge de 98 ans. Tous les upécistes camerounais sont dans la douleur.

Mademoiselle Marthe Ngo Mayack est née en 1925 dans le département du Nyong et Kellé. Militante de l’Union des populations du Cameroun (UPC), c’est à 22 ans qu’elle rencontre Ruben Um Nyobe pour la première fois. Nous sommes alors en 1943. Elle s’engage aux côtés de celui qui deviendra son époux pour la lutte de l’émancipation du Cameroun, sous le joug de la colonisation française. Elle se marie officiellement avec Ruben Um Nyobe, en 1944, un an après leur rencontre.

Elle chemine avec son époux, comme militante de l’ombre, jusqu’à l’arrestation de ce dernier par l’armée coloniale française en 1958. Pour casser la résistance, les Français finissent par l’assassiner le 13 septembre 1958, à Libelingoï, près de Boumnyébel, après avoir armé un supplétif tchadien pour faire le sale job. Madame Ngo Mayack épouse Um Nyobe devient alors veuve à 33 ans avec deux enfants à sa charge. Une douleur indescriptible !

Après son mariage avec Marie Ngo Mayack en 1944 à Eséka, Ruben Um Nyobè épouse, en secondes noces, Ngo Njock Yebga Marie. Il s’agit là de sa compagne du maquis avec qui,  il a eu un fils né en 1957 : Daniel Ruben Um Nyobè. Ngo Njock Yebga Marie épouse Um Nyobe est morte le 13 septembre 2023 à Yaoundé, des suites de maladie.

Les régions anglophones se sont soulevées afin que leurs revendications soient prises en compte par le pouvoir central. Mais, il n’y a pas que chez les anglophones où il y a des problèmes. Dans le pays bassa profond, on note beaucoup de difficultés qui restent sans solution par le pouvoir de Yaoundé. On ne peut pas comprendre que Ruben Um Nyobe, après ce qu’il a représenté pour tout Camerounais, ne soit pas reconnu jusqu’à ce jour comme celui qui a lutté pour l’indépendance du Cameroun. On ne peut pas comprendre que ses épouses (dont on n’entendait pas parler sauf quand elles sont mortes) soient restées en vie sans aucune assistance de l’Etat. Est-ce le pouvoir français qui a intimé l’ordre aux autorités camerounaises de les ignorer ? Il faudra que les Camerounais se regardent dans un miroir car le reflet de leur image n’est pas beau à voir. Il faut vraiment avoir honte de cette attitude même s’il se trouvera, toujours, à Yaoundé, des individus pour défendre la bêtise.

Um Nyobe a laissé des compagnons de route qui ont été éliminés tour à tour par le pouvoir colonial ou par celui qui en tenait lieu au Cameroun devenu indépendant. A preuve, Félix Roland Moumié a été assassiné, empoisonné, par un espion français. En Suisse. Sa veuve a été, par la suite, abandonnée. Ernest Ouandié, lui, a été fusillé, en 1971, à Bafoussam, dans l’Ouest du Cameroun, par le pouvoir d’Ahmadou Ahidjo. La question qui peut être posée est de savoir ce que Paul Biya qui a succédé à Ahmadou Ahidjo, aurait perdu en rehabilitant ce courant nationaliste camerounais, ou au nom des droits de l’homme, en s’occupant matériellement de leurs veuves, qui ont fini par mourir dans l’indifférence générale.



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