Personne ne sait comment vont se terminer les fêtes de cette fin d’année, depuis septembre où les rumeurs de coup d’état militaire circulent à Brazzaville alors que le président, Denis Sassou-Nguesso, assistait à la 78e Assemblée Générale des Nations-Unies, à New York. Au lieu de rentrer en catastrophe (comme venait de le faire son « fils », le président bissau-guinéen, Umaru Cissoco Emballo, cet habiué des voyages inutiles à Oyo, qui se trouvait à Dubaï), il ne s’est pas précipité pour rentrer à Brazzaville. On sait comment Jacques Chirac et Idriss Déby Itno avaient fait perdre le pouvoir, en 2002, au président centrafricain, Ange-Félix Patassé. Présent au Sommet de la CENSAD, à Niamey, il fut surpris par un coup d’état militaire qui lui fit prendre un avion dare dare, illico presto, sans même avoir vu le frère-guide (Mu’ammar al Kadhafi) qui avait prévu, pendant ce Sommet, l’inviter avec son frère-ennemi, Idriss Déby Itno, sous sa tente, pour prendre du thé, et s’adonner à une séance de réconciliation entre les deux frères ennemis. C’est dans son avion en partance pour Bangui que Patassé se rendit compte comment il avait été roulé dans la farine. Au moment d’amorcer la descente, les pilotes vinrent lui annoncer que son avion était interdit d’atterrissage à l’aéroport international de Bangui M’Poko. Ange Félix Patassé ordonna de le dérouter vers Libreville. Mais, le patriarche, Ondimba, plus malin que les gens de son temps, le pria de l’envoyer plutôt atterrir à Yaoundé-Nsimalen International Airport. Le maître du pays, injoignable au téléphone, fut surpris par cette arrivée embarrassante, quand le secrétaire général de la présidence lui rendit compte. Le couple Patassé resta une petite semaine à Yaoundé avant de s’exiler à Lomé, dans le pays d’origine de son épouse, chez le Sage Gnassingbé Eyadèma. Sassou en ne bougeant pas de New-York, en septembre, a montré à ses détracteurs (très nombreux dans le pays) qu’il maîtrisait tout. Vraiment ?
Pas du tout. Le dictateur (qui a déjà déjoué plusieurs tentatives de coups d’état) serait aux abois. Pour se rendre à Dubaï à la COP28, il avait tout cadenassé et pris les devants au cas où il serait forcé de ne plus revenir au pays. Ainsi va la vie dans de telles contrées où la démocratie est de façade comme au Congo-Brazzaville (sur notre photo, Sassou-Nguesso, avec son nouveau « fils » Oligui Nguema très heureux d’être dans les bras de l’ogre d’Oyo).
Les histoires mystiques et de sorcellerie au Congo-Brazzaville, sont tellement courantes qu’on en raconte de temps en temps dans votre magazine préféré (Afrique Education). Bien sûr que Sassou qui cherche à nous faire disparaître depuis, au moins, 2009, date du décès du patriarche, Ondimba, utilise tous les canaux, y compris les plus insoupçonnés jusqu’en Afrique de l’Ouest, pour nous atteindre. Mais Dieu (qu’il ne connaît pas) est au contrôle. Il ne pourra rien faire. Il devrait, plutôt, s’occuper de sa propre situation qui devient périlleuse. La méthode utilisée est-elle la bonne ?
Déjà, ses anciens très proches en parlent de temps en temps. C’est le cas du docteur d’Etat et premier vice-président de la Commission nationale des droits de l’homme, Me Maurice Massengo Tiassé (que Sassou connaît très (très très) bien et qui attribue l’assassinat de plus de 40.000 Congolais par leur président de la République (mal aimé). En 2019, ce collègue, grand spécialiste des droits de l’homme, avait commis un ouvrage en France intitulé, « L’Autopsie d’un Etat totalitaire : Crimes d’un génocidaire Denis Sassou-Nguesso ». Preuve que Sassou est un gros bavard qui a peur de son ombre, il a interdit la circulation de cet important ouvrage très documenté au Congo-Brazzaville. Mais, comme on n’est plus au temps du parti unique, son PCT, cet ouvrage circule sous les gandourah et les gros boubous de ceux et celles qui aiment leur pays. Me Massengo lui-même, depuis, Genève et Paris, où il est en exil involontaire, en assure la commercialisation, tout comme les bonnes librairies parisiennes et les plateformes de vente sur internet.
On connaissait les habitudes sexuelles du dictateur qui passerait dans la casserole, ses filles, nièces, cousines, tantes, belles-filles, belles-soeurs et que savons-nous encore, soi-disant pour pérenniser le pouvoir du clan d’Edou dont il est le détenteur pour le compte de tous. Des histoires invraisemblables à dormir debout mais pourtant vraies. Maintant, le dictateur va y ajouter un brin de sorcellerie (qu’il pratique déjà à grande échelle) mais à un niveau supra. C’est ainsi qu’il convoque tous les grands sorciers et féticheurs du Congo-Brazzaville pour une grande réunion de sorcellerie, à Oyo, avant la fin de l’année. But du conclave dont c’est la première réunion : L’aider (par tous les moyens dont les assassinats massifs) à garder son pouvoir pour ne pas être victime d’un coup d’état militaire comme on voit ailleurs, pas très loin du Congo. C’est ainsi que très rusé de nature comme savent l’être les anciens marxistes reconvertis, il a déjà mis le général-président du Gabon, Brice Oligui Nguema, dans sa poche. Au grand mécontentement des Gabonais (qui ont intérêt à manifester leur colère). Ces derniers se demandent si l’histoire va se répéter ? On se souvient que le patriarche Ondimba était, souvent, accusé, y compris par la première première dame, Patience, de « vendre » le Gabon à sa belle-famille, qui ne se privait pas pour se servir.
Brice Oligui Nguema, dans sa jeunesse, n’a trouvé personne de plus recommandable pour lui tendre la main ? Sassou l’a arrachée et il sait pourquoi il se montre indispensable et attentif alors que le jeune président est à la recherche de soutiens. Résultat, en trois mois de présence au Palais du Bord de Mer, il a trouvé le temps d’effectuer deux voyages à Brazzaville (en y passant même la nuit) et même d’y envoyer le vice-président de la République. C’est vraiment inquiétant. Car avec de tels conseillers, on ne sera pas surpris que la popularité du général-président diminue à vue d’oeil. Comme cela a commencé. Si les évêques dont celui de Libreville qui va présider le Dialogue national d’avril prochain, les pasteurs et autres hommes de Dieu, qui savent encore invoquer le tout puissant pour qu’il sauve le Gabon définitivement de longues griffes, sont encore actifs dans le pays, il est grand temps qu’ils se manifestent. Après, il sera trop tard.
Ceux qui aiment ce beau pays qu’est le Congo-Brazzaville doivent tendre l’oreille sur ce qui va se dire et se faire, à Oyo, avec les sorciers venus de partout. Après, on ne devra pas dire qu’Afrique Education n’aime pas le président du Congo-Brazzaville. On l’adore même dans notre rédaction. Mais, quand il fait mal ou pire, on le dit avec délectation. C’est le cas en ce moment. Qu’il compte sur nous.