Le journaliste iranien, Rouhollah Zam (notre photo), qui a vécu un temps en exil en France, a été exécuté, samedi, 12 décembre, rapporte la télévision d’Etat en Iran. La Cour suprême iranienne avait confirmé mardi la condamnation à mort de ce journaliste jugé coupable d’incitation à la violence lors du mouvement de contestation de 2017.
La France et des organisations de défense des droits de l’homme avaient dénoncé ce jugement.
“(Le) directeur du réseau contre-révolutionnaire, AmadNews, a été pendu ce matin”, a rapporté la télévision d’Etat iranienne.
Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères condamne “avec la plus grande fermeté cette atteinte grave à la liberté d’expression et à la liberté de la presse” et dénonce “un acte barbare et inacceptable”.
Si l’acte perpétré en Iran est d’une barbarie inqualifiable, la réaction du Quai d’Orsay est une honte absolue, une dénonciation et une indignation à géométrie variable qui condamnent fermement le régime des mollahs, tandis qu’au même moment, le même Quai d’Orsay félicite le régime ivoirien du protégé de la France, Alassane Ouattara, dont les milices décapitent d’autres Ivoiriens juste parce qu’elles ne pensent pas comme leur leader Ouattara.
Conclusion : cette condamnation française est très mal venue et totalement inappropriée bien que l’acte soit d’une monstruosité grave. A un moment donné, il faudra que le Quai d’Orsay sache ce que veut dire la honte qui consiste à soutenir chez un ami (Ouattara) ce qu’on condamne chez l’ennemi (Ali Khamenei). En Afrique, dans tous les cas, ce zigzag français ne passe plus. Et honte à Jean-Yves Le Drian qui participera, le 14 décembre, à l’investiture d’un président ivoirien qui a piétiné la constitution pour s’octroyer un 3e mandat illégal et illégitime, après avoir marché sur plus de 150 cadavres dont certains décapités. Que Le Drian soit le mal venu en Côte d’Ivoire pour cette investiture qui est un jour de deuil pour les Ivoiriens.
Sur notre photo, Le Drian tient fermement la main de Ouattara au sens propre comme au sens figuré.
Le fil d’informations AmadNews compte plus d’un million d’abonnés. Accusé d’incitation à la violence, il avait été suspendu en 2018 de la messagerie Telegram avant de réapparaître sous un autre nom.
Fils d’un dignitaire religieux chiite réformateur, Rouhollah Zam avait obtenu l’asile politique en France après avoir fui l’Iran. Les Gardiens de la révolution ont annoncé, en octobre 2019, l’avoir capturé à l’issue d’une opération ayant mobilisé leurs services de renseignement, sans préciser où elle s’était déroulée.
Nour News, une agence proche des Gardiens de la révolution, a rapporté, la semaine dernière, que Rouhollah Zam avait été intercepté par des agents iraniens, en Irak, en septembre 2019, avant d’être emmené en Iran.
L’Iran a connu fin 2017 une vague de manifestations contre le coût de la vie, dans lesquelles 21 personnes sont mortes selon le bilan officiel. Les autorités, qui avaient procédé à des milliers d’arrestations, ont accusé les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et des opposants en exil d’avoir fomenté ces troubles.