Depuis le 16 décembre dernier, le Kenya a intégré la liste des pays africains en conflit diplomatique avec la RD Congo. Y figurent, bien évidemment, le Rwanda et l’Ouganda, tous deux suspectés de financer les groupes armés à l’origine des vastes mouvements de populations situées dans la région orientale de la nation congolaise. S’il est admis que l’intérêt de Paul Kagame et Yoweri Museveni pour les richesses du sous-sol congolais est un motif de déstabilisation du pouvoir de Félix Tshisekedi, qu’en est-il du voisin kényan, William Ruto, lui aussi, récemment, accusé d’ingérence par le président sortant congolais ?
Faisant suite au refus de Nairobi d’arrêter, conformément, à la requête de Kinshasa, les participants au lancement d’une alliance Anti-Tshisekedi, qui s’est déroulé au sein de la capitale kényane, Félix Tshisekedi a fait rappeler ses ambassadeurs au Kenya et en Tanzanie, et a interdit l’entrée sur son territoire d’une délégation de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) censée observer le déroulement du scrutin du 20 décembre.
Il faut dire que les relations entre la RD Congo et la CAE sont tendues depuis quelques temps. Ayant intégré le bloc l’année dernière, la RD Congo avait misé sur la puissance militaire de la force régionale pour résoudre définitivement le conflit à l’Est. Un pari qui a, non seulement, relégué les Forces armées congolaises au second plan, mais, n’a, au final, donné aucun des résultats attendus, d’où l’initiative de Félix Tshisekedi de demander leur départ, environ, un an après leur arrivée.
En se tournant vers les militaires de la CAE, le dirigeant congolais a, grandement, minimisé la complexité de la nature du conflit qui l’oppose aux groupes rebelles de son pays, et a préféré opter pour une solution de sous-traitance sécuritaire, généralement, observée dans les pays africains touchés par le djihadisme. C’était sans compter sur l’objectif premier des soldats de la CAE non pas de livrer bataille aux milices armées, mais, plutôt, de protéger les populations.
L’incident diplomatique avec William Ruto, loin d’être un enfant de chœur, n’étant pas le premier du genre pour Félix Tshisekedi, il y a lieu de se demander si ce dernier n’incarne pas à lui seul les raisons de l’isolement, de plus en plus marqué, de son pays en Afrique ? Car, en effet, comment expliquer qu’une nation aussi riche et vaste que la sienne ait autant de mal à se faire respecter par ses voisins sans arriver à la conclusion que son problème vient de la tête ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)