A deux ans de la fin de son second et ultime mandat présidentiel, comme le prévoit la Constitution du Bénin, le chef de l’Etat, Patrice Talon, suscite de vives inquiétudes au sein de l’opposition, en raison des manœuvres entamées par ses soutiens politiques, et dont l’objectif inavoué serait de prolonger le bail de l’actuel locataire du Palais de la Marina.
Officiellement, ces tactiques du pouvoir en place ont pour vocation d’harmoniser le calendrier électoral des législatives à celui des présidentielles, entraînant la tenue de ces dernières en premier lieu. Un motif qui n’enchante personne au Bénin, et qui a fortement été critiqué par le camp adverse, dont l’ancien président, Yayi Boni.
Après s’être concertés suite à une réunion avec Patrice Talon, les leaders des partis d’opposition ont soutenu, dans un communiqué commun, que rien ne justifie une telle démarche, d’autant plus que le risque de voir d’autres modifications être portées à la Constitution est réel. Des craintes que les autorités de Cotonou ont essayé, par tous les moyens, de dissiper, en vain.
Cette méfiance des opposants n’est que normale, le président, Patrice Talon, n’en étant pas à sa première promesse du genre. Qui a, par exemple, oublié qu’il s’était engagé, une fois élu en 2016, à organiser un référendum sur la question d’un mandat présidentiel unique d’une durée de 6 ans ? Ayant pris goût à la magistrature suprême, il avait, finalement, envoyé ce projet de révision constitutionnelle en avril 2017 en lecture au Parlement, où il se heurta à deux rejets successifs, le premier pour vice de procédure, et le deuxième pour défaut de majorité requise.
Bien conscient, cette fois, que l’effet de surprise ne fonctionnera pas face à des opposants mieux avertis, le dirigeant béninois a joué la carte de l’inclusion en les recevant deux semaines plus tôt afin de tenter de leur vendre son projet de révision du Code électoral. Un exercice non apprécié de Patrice Talon mais auquel il a dû se soumettre, surtout, depuis le retour au Parlement de l’opposition après qu’elle ait pu remporter 28 des 109 sièges disponibles lors des élections législatives de 2019.
La tentation d’un nouveau mandat présidentiel est grande chez le chef de l’Etat béninois, dont la machine devant conduire à la concrétisation de cette visée est, d’ores et déjà, en marche. Les Béninois doivent être en train de se demander ce qui est arrivé à celui qui, en 2016, demandait à ne faire qu’un seul quinquennat ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)