Réélu président de la République de la RD Congo dans des conditions largement controversées, Félix Tshisekedi se trouve, aujourd’hui, confronté à l’une de ses principales promesses de campagne, à savoir, la restauration de la sécurité interne sur le territoire national.
C’est cet engagement pris concernant la résolution de ce dossier, vieux de plus de 20 ans, qui avait amené les Congolais à voter pour lui, mais certainement pas au point de lui permettre de collecter 73% des suffrages, contrairement, aux dires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui n’est d’ailleurs plus à présenter en matière d’irrégularités électorales.
Avec la poursuite des affrontements dans le Nord-Kivu, le chef de l’Etat congolais voit la pression monter sur lui, et continue de dénoncer, à qui veut l’entendre, les conséquences de la terreur à laquelle se livre le M23 sur ses concitoyens. Seulement, cette dénonciation a été stérile jusqu’à présent, et continuera certainement de l’être pendant son nouveau mandat présidentiel.
Habitué à solliciter l’aide de l’Occident, Félix Tshisekedi a eu la désagréable surprise d’apprendre cette semaine que l’Union européenne vient de signer un accord minier avec son turbulent voisin rwandais, Paul Kagame. Un véritable coup de massue pour le président congolais et ses équipes qui jette le doute sur leur capacité à respecter leurs promesses de campagne.
Cet événement permet de mieux apprécier, d’une part, les motifs évoqués par l’UE pour justifier l’absence de ses observateurs aux élections de décembre dernier, puisque le bloc européen a toujours affiché sa préférence pour la continuité politique en RD Congo, et, d’autre part, le départ du gouvernement du premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, au profit d’un mandat de député, moins exposé aux échecs à venir de l’exécutif, notamment, sur la question sécuritaire.
A peine son deuxième mandat présidentiel consécutif lancé, Félix Tshisekedi fait, déjà, face à son plus grand défi, celui de ramener la paix dans son vaste pays. Pourra-t-il y parvenir ? Lui dont les soutiens extérieurs n’ont, en réalité, permis la réélection qu’à cause de son inoffensivité évidente par rapport à leurs intérêts miniers en RD Congo.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)