Invité par le premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, le général-président soudanais, Abdel Fattah al-Burhane, s’est rendu à Tripoli, ce lundi, 26 février. C’était l’occasion pour les deux pays de se rapprocher sur le plan de la coopération bilatérale, surtout, qu’ils ont bien des choses en commun, notamment, l’instabilité politique causée par un conflit né de leurs fils respectifs.
Ce qui fait que le voyage du leader soudanais, al-Burhane, a piqué l’intérêt des parties impliquées, régionales (IGAD) et internationales (Etats-Unis, Arabie Saoudite…) dans le processus de restauration de la paix au Soudan, lequel demeure largement infructueux jusqu’à ce jour puisque la poursuite des combats continue d’alourdir le bilan humanitaire dans la sous-région, en termes de déplacés et de pertes en vies humaines.
La Libye est, quant à elle, toujours, engluée dans une crise à visage multiple depuis l’assassinat du guide suprême, Kadhafi, en 2011, alimentée par des tensions, qui ont conduit à la division du pays en deux. D’un côté, le gouvernement de Tripoli est contrôlé par Abdelhamid Dbeibah, ainsi que, le président du Conseil libyen, Mohamed al-Menfi, et de l’autre, le général, Khalifa Haftar, dicte sa loi dans la partie orientale. Ce dernier est un allié déclaré d’Hemedti.
Malgré sa proximité avec l’armée soudanaise, Tripoli a informé le chef des Forces de soutien rapide (FSR) de sa disponibilité pour aider à mettre fin aux affrontements au Soudan, l’invitant, par ailleurs, dans la capitale libyenne pour des pourparlers. Une initiative, qui a été saluée par Hemedti, qui s’y rendra dans les prochains jours. Ainsi, Tripoli se distingue de Nairobi, et d’autres, qui avaient commis un lèse-majesté à al-Burhane en s’entretenant, en premier lieu, avec son ancien numéro deux, mettant à mal tout effort de médiation avec les autorités soudanaises.
L’entrée en lice de la Libye en médiateur inattendu pour le retour de la paix au Soudan pourrait être un tournant dans ce dossier particulièrement complexe, qui donne des maux de tête aux différentes entités africaines et mondiales impliquées depuis plusieurs mois. Bien qu’il ne soit encore trop tôt pour se prononcer, l’arrêt des combats au Soudan est envisageable, surtout, au regard de l’appréciation formulée par al-Burhane au sujet de cette implication libyenne.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)