Le premier weekend de mars, qui vient de s’achever au Bénin, a été marqué par la victoire de l’opposition face au projet de révision constitutionnelle initié par les soutiens du président de la République, Patrice Talon. Officiellement pour un meilleur alignement du calendrier électoral, cette révision constitutionnelle, en réalité, donnait une ouverture vers un troisième mandat présidentiel consécutif. Au regard des précédents en Côte d’Ivoire, en Guinée, et surtout, ces derniers temps, au Sénégal, l’opposition s’est montrée, particulièrement, vigilante pour ne pas se faire prendre dans le piège qui lui était tendu.
Ayant besoin de 82 votes sur les 108 possibles pour faire adopter son texte, la majorité parlementaire n’a pu en collecter que 71, selon les résultats rendus public, samedi, 2 mars 2024, soit, un écart trop important par rapport à la majorité requise, même dans le cas où l’ensemble des députés d’opposition votent pour le rejet. Ce qui s’est d’ailleurs produit.
En effet, le nombre de votes « contre » recensés s’élevant à 35, parmi lesquels les 28 correspondant à ceux des principaux opposants (Les Démocrates), 7 députés issus de la coalition gouvernante ont tourné le dos à Patrice Talon, dont 4 appartenant à l’Union progressiste le renouveau (UPR), et 3 au Bloc républicain (BR).
Ces sept votes, qui n’étaient pas du tout nécessaires pour faire barrage au passage de la loi portée par les députés du pouvoir, ont volontairement rallié l’opposition afin de limiter les conséquences de l’échec prévisible de l’initiative présidentielle, en particulier, en fustigeant l’argument d’un approfondissement de la rupture entre le peuple béninois et le régime en place.
Après cette première manche remportée, l’opposition reste sur ses gardes face à un président loin de s’être avoué vaincu. En 2016, il avait tenté par deux fois de faire modifier la Constitution. Fidèle à lui-même, il doit, certainement, être passé au Plan B, le Plan A ayant été tué dans l’œuf. L’opposition attend, désormais, la forme de la prochaine tentative afin d’y faire, également, bloc.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)