Victoria Nuland (Toria) quitte l’administration de Joe Biden. Sans donner plus de détails, le département d’Etat américain a annoncé le départ de la haute fonctionnaire âgée de 62 ans en publiant un communiqué sur son site, le mardi, 5 mars. Cette information, qui a fait beaucoup de bruit dans l’univers diplomatique, a fait réagir les Russes, qui n’ont pas manqué de manifester leur joie, car y voyant l’échec de la politique étrangère des Etats-Unis.
Catapultée au troisième rang le plus élevé du ministère américain des Affaires étrangères, Toria est connue pour son rôle majeur dans la résistance occidentale face à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine. S’étant imposée grâce à son appétence pour le conflit, l’influente diplomate aura été une véritable nuisance pour le Kremlin. Ses faits d’armes les plus notables portant sur le gazoduc Nord-Stream 2 et le Pont de la Crimée.
S’adressant à des journalistes en janvier 2022, Toria affirmait avec assurance que le projet Nord-Stream 2 ne verrait pas le jour, en cas d’invasion russe en Ukraine. Une prédiction qui se réalisa puisque plusieurs mois après, le pipeline fut frappé d’une mystérieuse explosion qui le rendit inopérationnel. Les enquêtes diligentées pour faire la lumière sur cet incident n’ont, jusqu’à ce jour, pas permis d’établir les responsabilités.
Le 31 janvier 2024, Toria, en visite à Kiev, effectua une sortie médiatique similaire, sans cette fois mentionner de cible. Ayant appris à leur dépens du projet Nord-Stream 2, les Russes traquèrent toute information susceptible de leur causer un préjudice d’ampleur, et interceptèrent la fameuse conversation des hauts gradés allemands relative au Pont de la Crimée, dans laquelle la présence d’autres puissances alliées aux côtés des forces ukrainiennes est évoquée.
En raison de la débâcle créée par cette affaire, Washington a estimé qu’il était temps de se séparer de Toria, surtout, à l’approche des présidentielles américaines de novembre prochain, et à cause de l’inquiétude grandissante de Joe Biden. En effet, ne parvenant pas à se défaire de son prédécesseur et futur adversaire, Donald Trump, à travers le système judiciaire, l’actuel président des Etats-Unis semble s’être décidé à réorienter sa politique étrangère, au détriment de Toria.
Cette mise à la retraite soudaine sonne, en tout cas, comme la preuve du manque de crédibilité de Toria au sein même de la diplomatie américaine. Un constat renforcé par son incapacité à convaincre sa hiérarchie de la confirmer au poste de secrétaire d’Etat-adjointe au département d’Etat, un rang de numéro deux au département d’Etat américain, qu’elle a pourtant occupé par intérim pendant sept mois, jusqu’à la nomination de Kurt Campbell, le 6 février dernier.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)