Les chefs d’Etat, Paul Kagame, du Rwanda, et Félix Tshisekedi, de la RDCongo, vont, prochainement, se livrer à un nouvel exercice diplomatique afin de tenter de sortir du conflit qui a pollué leurs relations, et provoqué une grave crise humanitaire en Afrique centrale. Sous l’égide de leur homologue angolais, Joao Lourenço, médiateur désigné de l’Union africaine (UA), les deux dirigeants se rencontreront à une date et un lieu, pour le moment, inconnus.
Bien maline est la personne qui pourra se prononcer sur l’issue de cette rencontre, compte tenu de son extrême sensibilité, notamment, au regard des tensions, ouvertement, assumées par chaque pays envers l’autre, et de la non-inclusion vraisemblable dans les pourparlers des principaux acteurs de la terreur, à savoir, le M23. Ces derniers continuent de mettre en garde, à qui veut l’entendre, qu’ils ne respecteront aucun accord auquel ils n’auront pas été conviés.
Après avoir su tirer profit du malheur des Congolais, qui votèrent pour lui à cause de son engagement à déclarer la guerre au voisin rwandais, Félix Tshisekedi a, depuis, changé son discours, et parle maintenant de faire la paix. Tant pis pour les électeurs congolais qui se sont laissés berner par ses promesses de campagne, et dont plusieurs, voyant l’intensification des combats, ne cachent plus leur déception, et demandent au président de démissionner.
Ayant confié sa sécurité intérieure à la Communauté de développement des Etats d’Afrique australe, au détriment de l’ONU et de la Communauté d’Afrique de l’Est, jugées inefficaces, Félix Tshisekedi pourrait, également, se tourner vers la Russie, puisqu’ayant signalé, depuis, sa préférence pour l’option de la sous-traitance militaire pour se défaire de Paul Kagame. Les paris sont ouverts pour déterminer le nom du prochain prestataire en matière de sécurité vers lequel il ira.
Au Rwanda, Paul Kagame se plaint du préjudice causé à ses concitoyens par l’insécurité dans le Nord-Kivu. En pleine année électorale, le président sortant tente de développer l’image d’un homme simple, accessible et prompt à aider, comme on l’a vu avec l’accord migratoire passé avec l’Angleterre. Mais, il pourra, difficilement, expliquer pourquoi deux pays (RDCongo et Burundi) qui lui sont limitrophes le qualifient de mauvais voisin.
Malgré toutes les critiques qui lui sont adressées, le chef d’Etat, Paul Kagame, demeure imperturbable, et semble même ravi à l’idée de voir son homologue congolais dans le désarroi. C’est donc avec une certaine sérénité qu’il abordera son entrevue avec Félix Tshisekedi, même si ce dernier peut, à tout moment, recourir aux Russes, qui, depuis l’été dernier, lui ont exprimé le souhait d’avoir une coopération plus renforcée.
Du haut de son rôle de médiateur, Joao Lourenço aura la lourde tâche de conduire les échanges entre les deux présidents, et de les amener vers une hypothétique entente, avec pour objectif le retour de la stabilité dans la sous-région. Cependant, même si Félix Tshisekedi et Paul Kagame parvenaient à s’accorder, rien n’indique que les hostilités prendront fin, les expériences passées étant là pour servir de témoignage.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)