F CFA : Ousmane Sonko change de discours

Avant d’aller en prison, Ousmane Sonko, le leader du Pastef, ne faisait pas mystère de ce qu’il adviendrait du F CFA s’il arrivait au pouvoir. Sans autre forme de procès, le Sénégal quitterait cette monnaie coloniale et créerait la sienne propre, affirmait-il avec fermeté. Mais, il semble que la prison, sur cette question, l’ait rendu plutôt timoré, modéré et moins extrémiste par rapport à son discours d’avant. Les Pro-F CFA du Sénégal ne manqueront pas de jubiler, osant espérer que Sonko soit devenu sage en prison pour ne plus jeter le F CFA aux gémonies. En effet, lors de la conférence de presse commune avec le candidat à la présidentielle, Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko a déclaré que dans un premier temps, le Sénégal chercherait, d’abord, à mettre en oeuvre une réforme monétaire au niveau sous-régional dans le but de rallier les autres pays de la Zone Franc. Si cela ne marche pas, ce n’est qu’en ce moment que le Sénégal envisagerait de créer une monnaie nationale. On espère qu’il ne changera pas de position une nouvelle fois si le Pastef arrivait aux affaires. Sonko, en réalité, sait à quoi s’en tenir car le chemin est parsemé d’embûches. Alassane Ouattara, le gardien du F CFA au sein de l’UEMOA, ne le laissera pas faire, lui qui a, déjà, fait capoter la monnaie ECO, qui avait le quitus de l’UEMOA (sauf celui de la Côte d’Ivoire et du Sénégal de Macky Sall), mais aussi, des autres pays de la CEDEAO dont le Nigeria et le Ghana. A lui tout seul, Ouattara avait réussi à botter cette initiative en touche, créant la colère des peuples d’Afrique de l’Ouest qui ne veulent plus du F CFA. Toutefois, Ousmane Sonko et ses amis trouveraient portes et fenêtres ouvertes du côté des trois révolutionnaires du Sahel, à savoir, le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces derniers envisagent, d’ailleurs, de créer leur propre monnaie. Avec eux, le Sénégal de Sonko pourra cheminer ensemble. Reste l’équation non neutre des Sénégalais. Macky Sall parti, le F CFA garde de bons adeptes dans le pays d’autant plus que certains ne voudront pas perdre l’avantage du siège de la BCEAO qu’abrite Dakar. Bref, on dit Bravo à Ousmane Sonko pour ses idées novatrices, mais, ce sera une opération loin d’être simple.