ACCORDS MIGRATOIRES : La Mauritanie (toute honte bue) accepte la colonisation de l’Union européenne

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En acceptant de laisser libre cours, en février dernier, à l’opération séduction de la patronne de l’UE (Union européenne), Ursula von der Leyen, relative aux accords migratoires entre le bloc européen et son pays, le président mauritanien, Mohamed Ould El Ghazouani, a sans doute fait preuve d’une ambition démesurée, même s’il est vrai que la Mauritanie a, jusqu’ici, affiché une forme de stabilité dans sa gestion des conflits, et ce malgré le contexte exceptionnel qui prévaut au Sahel. C’est cependant scandaleux qu’il ait signé ce pacte de la honte avec l’Union européenne quand il préside aux destinées de l’Union africaine. Il est payé par les Européens pour freiner les Africains qui veulent quitter l’Afrique où les dirigeants comme lui n’arrivent pas à leur donner un emploi. C’est pathétique d’assumer une telle contradiction.

Soucieux de capitaliser sur le succès de son deal avec l’Espagne, datant de 2006, concernant la régulation des flux de migrants clandestins partant de ses côtes vers les Iles Canaries, et de s’imposer comme un partenaire de premier rang aux yeux de l’UE, cet Etat islamique s’est réjoui de la volte-face, en fin 2023, de la Tunisie face au bloc des 27, au moment de la finalisation d’une entente similaire, quoique pour un montant de financement moindre (105 millions d’euros). 

Toutefois, au-delà du volet financier, qui devrait permettre le renflouement des caisses du Trésor public mauritanien de 210 millions d’euros d’ici décembre 2024, Nouakchott sera-t-elle vraiment capable d’accueillir les candidats à l’asile aux demandes rejetées par les divers pays membres de l’UE ? Si les autorités mauritaniennes estiment que oui, ce n’est ni le cas d’une partie de la société civile, dont les Maures noirs, ni du médiateur européen, préoccupé par la question des droits humains. 

Car, en échange du financement prévu, la Mauritanie va céder une partie de sa souveraineté. C’était déjà le cas avec l’Espagne dont les garde-côtes pouvaient intervenir en toute impunité dans certains espaces du territoire mauritanien. Et ça le sera également avec le nouvel accord avec l’UE, d’où les interrogations sur le sort des futurs migrants, mais aussi, des personnes renvoyées vers une nation accusée de stigmatiser ses fils en raison de considérations ethniques.

A ce jour, environ, 150 000 réfugiés vivent dans la société mauritanienne, la plupart étant des déplacés issus de nations voisines, tel que le Mali. Les perspectives de développement associées à l’enveloppe financière ayant prédominé dans la décision de Nouakchott de s’allier à Bruxelles, il y a lieu de se demander si ce partenariat vaut le risque de voir se former une crise sociale d’ampleur en Mauritanie, et que Mohammed Ould Ghazouani devienne aussi impopulaire en Afrique que Paul Kagame.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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