Alors que le Tchad s’apprête à délaisser son statut de junte pour redevenir une nation, qui repose sur des fondements démocratiques, une partie de sa société civile ne cache pas son désintérêt pour ce changement, pourtant, réclamé depuis un moment par bon nombre d’acteurs politiques et économiques, locaux et internationaux.
Prévues le 6 mai prochain, l’élection présidentielle au Tchad n’emballe pas grand monde chez les 15-24 ans, leur principale préoccupation étant la situation socio-économique éprouvante qu’ils vivent depuis des années. La plupart d’entre eux sont persuadés d’avoir été laissés pour compte par les nouvelles autorités étatiques.
Avec un taux de chômage des jeunes diplômés de 60% en 2017, les Tchadiens font face à des difficultés d’insertion professionnelle encore plus aiguës que leurs pairs du continent africain. D’ailleurs, il est fort probable que la proportion des jeunes chômeurs au Tchad se soit accrue entre temps, du fait des effets pervers du Covid-19, malgré l’absence de données récentes sur le sujet.
Pensant au départ que le nouveau pouvoir de N’Djamena rimerait avec nouvel élan socio-économique, mais constatant ensuite que Succès Masra, l’une des rares voix sur lesquelles ils comptaient pour faire leur plaidoyer, décida de changer de camp, les jeunes actifs Tchadien finirent par ne plus espérer grand chose de leurs politiques.
Cependant, le retour à l’ordre constitutionnel sera une bonne chose pour le pays car il s’accompagnera d’un accès retrouvé aux financements octroyés par l’Occident en matière de développement. Car, même si le Tchad a su échapper aux sanctions dont ont souffert les autres juntes (Burkina Faso, Guinée, Mali et Niger), son étiquette de junte limitait son attractivité en termes d’investissements étrangers.
Après être redevenu un pays reposant sur des fondements démocratiques, la relance de l’économie tchadienne pourra être amorcée, et des projets de développement entrepris et exécutés, ce qui entraînera des retombées socio-économiques importantes, et offrira aux jeunes populations l’opportunité de prendre part au rebond de l’activité économique nationale.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)