Après plusieurs semaines d’enquête approfondie sur l’agence onusienne chargée de la Palestine (UNRWA), le panel indépendant, commis à cet effet, indique n’avoir rien trouvé pouvant donner lieu à une remise en cause. Pourtant indexée par Israël pour sa participation présumée aux attentats meurtriers du 7 octobre dernier, l’UNRWA s’est retrouvée dans l’œil du cyclone, au point de voir son existence propre être menacée.
En effet, suite aux accusations de Benyamin Netanyahu et de son cabinet d’extrémistes de droite, l’entité humanitaire a été lâchée par ses soutiens financiers, sans lesquels ses activités d’assistance sont irréalisables. Les collaborateurs du premier ministre israélien étaient parvenus à convaincre les Etats-Unis de l’implication de l’UNRWA dans les opérations du Hamas, d’où la décision quasi-instantanée de Washington de suspendre son aide en fin janvier.
Voyant cela, les autres capitales occidentales entrèrent dans la danse, s’adonnant ainsi à un comportement moutonnier aux conséquences dramatiques pour les populations déjà asphyxiées de la bande de Gaza. Face au chaos qui se dessinait devant elle, et pour tenter de sauver les meubles, l’UNRWA, elle-même, renvoya tous les membres de son personnel qui étaient incriminés par les Israéliens, sans effectuer de due diligence pour confirmer les faits.
Avec la publication du rapport produit par l’équipe d’investigation dirigée par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, la manière dont cette affaire a été gérée par les Nations unies et les pays occidentaux rappelle l’importance fondamentale de la présomption d’innocence, qui demeure applicable en toutes circonstances. Celle-ci ayant été bafouée, quels mécanismes de réparation seront mis en place par les acteurs impliqués ?
Toutefois, l’UNRWA n’est pas encore totalement mise hors d’état de cause, le panel de Catherine Colonna ayant invité Israël à fournir les preuves de ses accusations. Une requête qui aurait dû être formulée au lendemain des affirmations israéliennes contre l’agence humanitaire. On ne tardera pas à connaître le fond de cette histoire. Mais, une chose semble de plus en plus claire, le cabinet de guerre israélien ne reculera devant rien.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)