Entre assistance humanitaire et volonté réelle d’une médiation du conflit armé au Soudan, la communauté internationale semble avoir fait son choix depuis bien longtemps. Un choix d’ailleurs confirmé et illustré par la tenue, lundi, 22 avril, par l’Elysée d’une conférence humanitaire internationale pour soulager les civils soudanais.
Bien que les deux milliards d’euros d’engagements annoncés aideront certainement les Soudanais, quid du conflit et du différend qui oppose al-Burhane à Hemedti ? Plus déterminés que jamais à s’entretuer, les deux chefs de guerre se préparent à un affrontement qui risque de créer une hécatombe comparable à celle de la bombe américaine larguée sur Hiroshima en 1945.
En effet, selon des médias locaux, la ville d’El-Fasher (Darfour du Nord), qui abrite actuellement près d’un million de personnes, a enregistré plusieurs mouvements des deux camps, suggérant des affrontements dans les jours à venir. La ville ayant été quadrillée par les paramilitaires afin de perturber le ravitaillement des troupes de l’armée s’y trouvant, les civils n’ont pas pu s’enfuir, et se retrouvent voués à un massacre certain.
Si cette prédiction macabre venait à se réaliser, l’action humanitaire portée par Emmanuel Macron, bien qu’en deçà des besoins réels, deviendrait alors insignifiante. Sans oublier que le vol par les FSR du matériel humanitaire destiné aux victimes a souvent été rapporté par les agences chargées de son acheminement. Il aurait été plus pertinent pour l’Elysée de mettre l’accent sur la recherche de solutions à ce conflit, qui continuera à engloutir aide et vies humaines, si rien de crédible n’est envisagé.
Malheureusement, l’histoire montre, une fois de plus, que la communauté internationale manque de réactivité avec tout ce qui touche à l’Afrique. La guerre soudanaise n’ayant pas dérogé à cette règle. El-Fasher n’étant ni Kiev ou Gaza, le monde attend-il patiemment que le bilan humain de cette guerre fratricide franchisse un niveau traumatisant pour trouver écho auprès des dirigeants ? C’est ce qu’il risque d’arriver au Darfour du Nord.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)