En débarrassant son pays d’Abu Huzeifa, le colonel, Assimi Goita, qui préside aux destinées du Mali depuis mai 2021 a porté un grand coup aux opérations de l’Etat islamique dans la zone du Sahel. Surnommé « Higgo », cet influent chef touareg était soupçonné d’être impliqué dans une embuscade dans la localité de Tongo Tongo au Niger, qui avait coûté la vie à plusieurs soldats américains et nigériens en octobre 2017.

A la suite de cet incident, le Pentagone (ministère américain de la Défense) avait dû surseoir ses activités dans la région pendant un moment, histoire de réévaluer les risques, ainsi que, son approche. Identifié comme étant l’un des cerveaux présumés derrière l’attaque en question, Abu Huzeifa était, activement, recherché par le département d’Etat américain, sa tête ayant même été mise à prix pour 5 millions de dollars (3 milliards de F CFA). Pas moins !

L’annonce de son décès, le 29 avril dernier, par les médias maliens n’a pas encore été commentée par les autorités de Washington, qui ne devraient pas tarder à contacter celles de Bamako pour les remercier d’avoir aidé à clore un dossier resté en suspens pendant près de 7 ans. Mais, au-delà des simples félicitations, Joe Biden devrait, en toute logique, témoigner une reconnaissance particulière à Assimi Goita.

La question, qui demeure à présent est de savoir si la diplomatie américaine sera à même d’entrevoir, en cet événement, une opportunité de collaboration avec le régime malien de transition face à l’ennemi commun qu’est le djihadisme. Il ne serait pas, non plus, superflu de mentionner l’impact des Russes sur le renforcement des capacités techniques des Forces armées maliennes (FAMA) dans les résultats obtenus et à venir. On ne peut pas ne pas les exclure de ce succès malien.

En attendant qu’une éventuelle coopération militaire entre Américains et Maliens voit le jour, Bamako pourra se réjouir d’avoir fait entrer dans ses caisses les 3 milliards de F CFA (soit 5 millions de dollars) de récompense promis par le ministère américain des Affaires étrangères pour la tête d’un ancien bourreau de l’armée américaine.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)