Nous sommes le 31 décembre 2015. Demain, ce sera le premier jour de l’an 2016. Il y a, quelques semaines, s’est tenue, à Paris, la COP 21 avec les résultats qui sont, largement, en deçà des espérances africaines. Mais il fallait bien la clôturer, les organismes des participants commençant, déjà, à se fatiguer. Au final, c’est la bouteille à moitié vide (pour les ONG et les pays du Sud vulnérables) ou à moitié pleine (pour les organisateurs et les grands pays pollueurs). La COP 21 s’est conclue sur un sentiment mitigé.
On a vu François Hollande monter à la tribune, tenir la main de Ban Ki-moon et celle de Laurent Fabius, tandis que la responsable climat de l’ONU, Christiana Figueres, et la négociatrice principale de la France, Laurence Tubiana, se donnaient une longue accolade. Avaient-ils, réellement, le sentiment de la tâche bien accomplie ? Pas le moins du monde !
Car l’accord a failli ne pas être signé, d’où la prolongation d’une journée de négociations. L’accord retenu fixe comme objectif de contenir le réchauffement « bien en deçà de 2°C », et appelle à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5° », par rapport à l’ère pré-industrielle. Un but plus ambitieux que les 2°C visés, et qui était réclamé, ardemment, par les pays les plus vulnérables. Mais, précisons-le, rien de contraignant.
Là où le bât blesse, c’est que l’aide au développement pour faire face au réchauffement, qui devait atteindre 100 milliards de dollars, par an, d’ici 2020, n’a pas fait le plein, faute de contributeurs. L’accord s’est contenté de dire que cette somme de 100 milliards de dollars, devra être « un plancher », appelé à être revu à la hausse. Comment peut-on penser que les bailleurs de fonds pourront donner, plus, alors que ce minimum de 100 milliards, n’est pas atteint depuis des années ? Personne ne sait comment on financera ces 100 milliards de dollars. Il s’agit là, pourtant, d’une exigence de longue date des pays du Sud (notre photo montrant la concertation entre François Hollande et certains chefs d’Etat africains, le 10 novembre, à Paris, avant la COP 21). C’est, ici, la grande déception de la COP 21 car comme on le craignait, les financements sont loin du compte.
La satisfaction (minimale) des organisateurs et des grands pays pollueurs, se fait sur le dos de l’Afrique, continent le plus vulnérable. C’est, dramatiquement, désolant.
Ce qui est plus grave pour les pays africains producteurs de pétrole et de gaz, c’est qu’un accord universel limitant à 1,5° C les émissions de CO2 (gaz à effet de serre), signifie qu’il reste, environ, 10 ans pour en finir avec la production des énergies fossiles de type pétrole, gaz et charbon. Quel avenir pour les pays producteurs africains sans cette source de revenus avant deux ou trois décennies, au moins ? On ne l’imagine même pas. Ce serait une révolution infaisable dans ces pays. On voit, donc, à quel point les années de mauvaise gestion de certains dirigeants africains, vont plomber l’avenir de tout un continent, pas seulement, celui des futures générations.
De cela, on ne pouvait pas beaucoup parler à la COP 21 car bien qu’étant un sujet de droits de l’homme, il constitue un élément qui fâche alors que les organisateurs voulaient un consensus de tous les pays.
Pour dire vrai, le gouvernement français a cherché à sauver les apparences au lieu de sauver le climat. Outre le financement non acquis, l’accord (a minima) conclu ne garantit pas que le monde restera bien en-dessous de 2°C de réchauffement. L’action doit continuer au niveau international, national et local. C’est le début du commencement d’un travail harassant.
Les discours parfois inspirés des chefs d’Etat lors de l’ouverture de la COP 21, n’ont pas survécu aux petits arrangements entre amis habituels des négociations climat. L’Accord de Paris n’est pas une fin en soi et les Etats devront se donner à l’avenir les moyens de répondre à l’urgence climatique.
Cela dit, nous savons que hors de la bulle des conférences onusiennes, un véritable mouvement pour les énergies renouvelables grandit tous les jours dans les villes, les entreprises, les pays entiers. C’est aux chefs d’Etat, chacun, dans leur pays, de se donner les moyens de faire la transition nécessaire.
Merci la COP 21 à Paris. Vive la COP 22 à Marrakech en 2016 ! Inch’Allah !
N.B: Trouvez cet article et d’autres sur la COP 21 dans le numéro 429 du 16 au 31 décembre 2015 d’Afrique Education, chez votre marchand de journaux habituel, jusqu’au mardi 5 janvier 2016 ou sur la boutique du site (www.afriqueeducation.com).Tags: Afrique-Monde