Pour Patrice Talon, passer du coq à l’âne n’est qu’un détail. En effet, être prêt à violer la souveraineté nationale de son voisin aujourd’hui, et vouloir faire affaire avec lui le lendemain, sans qu’il n’y ait eu de mise à plat des relations, est tout à fait normal pour le président béninois. Homme d’affaires milliardaire avant de s’essayer à la présidence de la République. De trois choses l’une, soit, ses conseillers sont mauvais, soit, il n’écoute personne, soit, les deux.
Dans une nouvelle démonstration ridicule (qui, bien heureusement, ne tue pas), son gouvernement a rétropédalé sur sa décision de conditionner le transport du pétrole brut nigérien vers l’export à la réouverture de la frontière du côté de Niamey. Décrétée le 6 mai dernier, cette mesure avait suscité l’indignation mondiale à cause de ses divers effets, notamment, sur le plan du droit du commerce international.
En fin de compte, les autorités béninoises n’auront tenu que neuf petits jours avant d’éteindre le feu qui se propageait à grande vitesse dans leur propre camp. L’incendie ayant été évité de justesse, grâce en partie à l’intervention in extremis d’une délégation dépêchée de Pékin, il importe plus que jamais que Patrice Talon comprenne une bonne fois pour toutes que l’argent a son importance, mais, ne fait pas le bonheur.
Tant que le dirigeant béninois préfèrera multiplier les déclarations devant les médias de son pays, au lieu de décrocher son téléphone et contacter directement son homologue et voisin du Niger, Abdourahamane Tiani, la question de la réouverture des frontières du côté de Niamey restera intacte. Qui aurait pu croire que l’image de beau parleur habituellement renvoyée par Patrice Talon puisse être autant mise à mal ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)