L’ex-président du Niger, Mohamed Bazoum, pourrait, bientôt, être jugé. Depuis qu’il a été renversé par un coup d’état le 26 juillet 2023, il est détenu dans la résidence présidentielle, avec son épouse, dans des conditions plutôt correctes : il est bien nourri, il voit ses médecins régulièrement, il a ses traitements, il communique avec l’extérieur mais sans son téléphone, etc. Tout ce qu’il ne doit pas faire, c’est la politique.
La justice a levé, vendredi, 14 juin, son immunité présidentielle, ouvrant la voie à un procès. Abdou Dan Galadima, président de la plus haute juridiction du Niger, créée en novembre 2023 par le régime militaire, confirme cette levée et la tenue prochaine du procès.
Les autorités de Niamey accusent le président renversé de «complot d’attentat à la sécurité et l’autorité de l’Etat», «crime de trahison», «faits présumés d’apologie du terrorisme» et de «financement du terrorisme». Mohamed Bazoum est détenu depuis le coup d’état du 26 juillet dans la résidence présidentielle.
«Graves violations des droits de la défense»
Il est notamment reproché à Bazoum d’avoir parlé au téléphone avec le président français, Emmanuel Macron, et le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, pour qu’ils l’appuient «par une intervention armée», lors du coup d’état du 26 juillet 2023. Il lui est également reproché d’avoir affirmé «avoir libéré des terroristes et de les avoir reçus à la présidence».
Le Niger a changé ses alliances internationales
Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, le Niger a changé ses alliances internationales. Longtemps allié de la France, notamment, sous la présidence de Bazoum, il a tourné le dos à Paris. Les généraux au pouvoir ont obtenu le départ des militaires français et multiplient les invectives contre l’ancienne puissance coloniale. Ils ont ensuite exigé un départ de l’armée américaine de leur sol qui a débuté et devrait s’achever en septembre. En parallèle, Niamey noue des nouveaux partenariats avec d’autres alliés, comme l’Iran ou la Russie.
Le Niger entretient des relations au beau fixe avec le Burkina Faso et le Mali, eux aussi gouvernés par des régimes militaires arrivés au pouvoir par des putschs, et avec lesquels il a créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Les tensions sont en revanche fortes avec le Bénin avec lequel Niamey refuse de rouvrir sa frontière. Le régime accuse son voisin d’abriter «des bases françaises» dans sa partie nord afin «d’entraîner des terroristes» qui voudraient déstabiliser le Niger, ce que la France comme le Bénin nient.