PRESIDENCE DE LA COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE : L’opposant kenyan Raila Odinga aurait-il compromis ses chances ?

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Autrefois, farouche opposant de William Ruto, Raila Odinga a préféré sacrifier sa dignité au profit d’une candidature pour la présidence, bientôt vacante, de la Commission de l’Union africaine (UA), qui attire bien des convoitises entre les Etats membres de l’une des plus hautes instances du continent. 

Face à la concurrence qui s’annonce particulièrement acharnée, l’ancien premier ministre kényan s’est lancé, depuis quelques mois, dans une tournée en Afrique de l’Est afin d’obtenir le soutien de pays tels que la Tanzanie, l’Ouganda, la RD Congo, le Sud Soudan, l’Afrique du Sud, le Malawi, la Zambie, le Rwanda etc. 

Mais, selon certaines indiscrétions, il envisagerait de mettre un terme à la poursuite de cet objectif personnel, officiellement, en raison de l’impasse socio-politique qui perdure dans son pays. En effet, William Ruto et la jeunesse kényane ne parviennent toujours pas à s’entendre, ce qui motiverait Raila Odinga à revêtir son costume d’opposant et à se concentrer sur leur sort.

Sauf que ce n’est qu’une partie de la vérité. En effet, depuis son silence largement critiqué alors que des dizaines de jeunes Kényans étaient tués dans des manifestations pacifiques, Raila Odinga a perdu toute crédibilité parmi certains de ses soutiens, lesquels le soupçonnent même d’avoir été corrompu par les autorités de Nairobi. Une allégation qu’il a vite démentie.

Par ailleurs, la présidence tanzanienne vient, tout juste, d’opérer un léger remaniement ministériel, qui a conduit à la mise à l’écart du chef de la diplomatie, January Makamba. Disposant d’un bon profil pour remplacer Moussa Faki en début 2025, il aurait, en réalité, été libéré pour pouvoir faire campagne, bien qu’il ne l’ait pas encore officiellement annoncé. 

L’apparition d’un tel rival compromettrait les chances de Raila Odinga, surtout qu’une déclaration d’intention de dépôt de candidature du désormais ex-ministre tanzanien des Affaires étrangères signifierait qu’il peut compter sur la voix de sa présidente, Samia Suluhu, étant donné que l’éligibilité de chaque candidat est subordonnée au soutien de son propre pays. 

Donc, en plus de perdre l’appui de la Tanzanie, qu’il se vantait pourtant de détenir, Raila Odinga risque de voir les autres dirigeants avec qui il a négocié se rallier derrière son probable nouvel adversaire. Heureusement qu’il avait déjà indiqué qu’il fera preuve de fairplay en cas de défaite dans la course à la présidence de la commission de l’UA.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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