Avant qu’il n’accède à la tête de la présidence tournante du Bloc européen le 1er juillet, Viktor Orban, le chef du gouvernement hongrois, était, déjà, considéré par Bruxelles comme une brebis galeuse comme on en voit rarement. Aujourd’hui, il n’existe plus de mot pour le qualifier tellement il suscite l’hérésie au sein de l’UE.

Pourtant, le dirigeant hongrois reste cohérent dans sa volonté d’entretenir des liens avec tout le monde, en particulier, les non-alignés tels que le Chinois, Xi Jinping, le Russe, Vladimir Poutine, et l’Américain, Donald Trump. Il les a rencontrés à tour de rôle, le mois dernier, pour leur témoigner tout l’intérêt qu’il leur porte. Au grand mécontentement de ses homologues français et allemand, en particulier, les deux principaux donneurs de leçons au reste de l’Europe alors qu’eux-mêmes ne sont pas exempts de reproches.

Un périple qui lui a valu toutes sortes de réprimandes de la part de Bruxelles, soutien jusqu’au-boutiste de la cause ukrainienne, en totale indifférence vis-à-vis des conséquences dans le monde d’une guerre, qui risque bien ne jamais se terminer, et se dirige tout droit vers sa troisième année. 

En Afrique, l’initiative de Viktor Orban a été vue d’un bon œil car elle entretient l’espoir d’une fin de conflit, et parallèlement, d’un retour à la normale pour un continent, qui a, déjà, trop souffert de l’impact, difficilement, quantifiable, de cette crise russo-ukrainienne.

Le continent africain croyait alors avoir tout vu jusqu’à ce que l’Ukraine décide d’ouvrir un nouveau front face à la Russie au Mali. Un acte honteux salué par Stockholm qui, dans la foulée, a suspendu son aide au développement de 190 millions de dollars de 2021 et 2025 vers Bamako.

La capitale suédoise s’imagine certainement que rediriger cet argent vers Kiev fera une différence là où 230 milliards de dollars n’ont pu rien changer. On a là un bel exemple de dérive de la mentalité jusqu’au-boutiste occidentale dans un soutien sans aucune mesure à l’Ukraine.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)