SAHEL : Qui sont les marionnettistes du djihadisme ?

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Lors de leur discours à l’Assemblée Générale des Nations-Unies, les représentants des pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) ont pris le temps de dénoncer les financeurs du djihadisme opérant depuis l’étranger. Il est vrai que pour les conflits rdcongolais et soudanais, des dizaines de rapports indépendants ont été produits, certains pointant le rôle du Rwanda ou de l’Ouganda dans la guerre dans le Kivu, d’autres celui des Emirats arabes unis, de l’Iran, de l’Arabie Saoudite, ou de l’Egypte pour leur implication présumée dans les affrontements fratricides soudanais.

Cependant, au Sahel, où une succession de forces, à la fois multilatérales et occidentales, disposant d’outils de surveillance ultra-sophistiqués ont séjourné pendant de longues décennies, pas un seul donneur d’ordre extrémiste n’a été identifié. Tout ce que l’on sait, et qui revient à répétition, c’est la très vague affirmation selon laquelle les djihadistes de la région sont affiliés à Al-Qaeda et à l’Etat islamique (sur notre photo, avant d’attaquer l’armée du Niger en 2019), comme si affiliation signifiait dépendance.

Absolument rien de concret ne filtre sur ces proxies, pour qui ce terme constitue d’ailleurs un abus de langage car leur statut n’est pas comparable à celui du Hamas ni du Hezbollah envers l’Iran. Ce qui interroge donc sur les raisons du déficit d’informations sur ces groupes, ainsi que, sur leurs soutiens. Que font tous ces enquêteurs, qui sont précis quand il s’agit de collecter des données sur les bilans humains visant à accabler les juntes militaires sahéliennes, mais, sont incapables de faire de même pour démasquer les marionnettistes du djihadisme au Sahel ?

Le dialogue avec les djihadistes ne marche pas. Reste la méthode forte.

Il est relativement compréhensible que l’instabilité dans cette région du monde ait été reléguée au énième plan du fait des autres guerres (en Ukraine, en Palestine, au Liban, en RD Congo, au Soudan etc…) qui sont en cours. Mais, le niveau de désintérêt affiché par les pays européens qui, pourtant, ont tout à gagner, en particulier, en matière d’enjeux migratoires, à œuvrer pour le retour de la paix au Sahel, cache certainement autre chose, qui finira tôt ou tard par se savoir.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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