La question mérite d’être posée, surtout, au regard des Sommets précédents. A l’époque des présidents de gauche, François Mitterrand, et de droite, Jacques Chirac, tous les pays africains se bousculaient pour y participer. Les retrouvailles, qui permettaient de parler le français et seulement le français, étaient les bienvenues. Et les questions qui s’y discutaient à bâtons rompus étaient essentielles. Aujourd’hui, la Francophonie est une véritable descente aux enfers. Est-ce l’époque qui veut cela ou il y a un faux pas de fait quelque part ?
On a souvent dit que la Francophonie s’impose dans le monde comme courant politique, diplomatique et culturel, grâce à l’Afrique. Organiser un Sommet, de surcroît, à Paris, et compter un si grand nombre d’absents est plus qu’un signal. Une anomalie. Même si la France n’est plus la France pour un tas de raisons, Emmanuel Macron devrait chercher à comprendre les causes de ces multiples défections, au moins, pour son successeur car il est sur le départ même si c’est théoriquement en mai 2027.
Alors que le 19e Sommet se déroule, en France, pays sans lequel la Francophonie n’existerait pas, on a compté un nombre record de chefs d’Etat africains absents (notre photo). Une absence qui ne passe pas inaperçue, celle du nouveau et jeune président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye. Quand on sait que le Sénégal est au cœur du mouvement de la Francophonie dont son premier président, Léopold Sédar Senghor, fut l’un de ses initiateurs, il y a lieu d’être, vraiment, inquiet. Que se passe-t-il pour que le président du Sénégal se fasse représenter au Sommet organisé, en France, par son homologue, Emmanuel Macron ? Il y a incontestablement problème.
Autre absent d’un grand ami de la France, qui ne jure que par le France et au nom de la France, le Congolais, Denis Sassou-Nguesso. Là aussi, on ne comprend pas.
Le Camerounais, Paul Biya, qui est, généralement, fidèle à la Francophonie et qui jusque-là, n’avait manqué que le Sommet de Beyrouth, en 2002, n’est pas présent, non plus, en France. Tout comme le Togolais, Faure Gnassingbé.
Le Burundais, Evariste Ndayishimiye, s’est fait représenter par son vice-président.
Autres absents de taille : les présidents d’Algérie, Abdelmadjid Tebboune, d’Egypte, Abdel Fattah al Sissi, de Tunisie, Kaïes Saëd, qui se présente à l’élection présidentielle, dimanche, 6 octobre, après avoir éliminé du scrutin tous ses concurrents menaçants, et le roi du Maroc, Mohammed VI, qui accueillera, le président français, en visite d’Etat, fin octobre.
Le Comorien, Azali Assoumani, est aussi absent, ainsi que, le Djiboutien, Ismail Omar Guelleh.
Pour terminer, les présidents de transition, de Guinée, Mamadi Doumbouya, du Mali, Assimi Goïta, du Niger, Abdourahmane Tiani, et du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, n’ont tout simplement pas été invités, ce qui fait interroger. Car on se souvient que le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, avait participé, pleinement, avec toutes les marques d’attention, au 7e Sommet de Hanoï, au Vietnam, les 14, 15 et 16 novembre 1997, trois semaines, seulement, après son accession au pouvoir par un coup d’état militaire. Mais, il faut ajouter que le président français s’appelait Jacques Chirac, qui avait une autre façon de voir la Francophonie, Aujourd’hui, on en est loin.