L’élection du Bénin au Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations-Unies est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle, selon la position dans laquelle on se met. Bonne pour l’opposition car ses dénonciations régulièrement faites sur les manœuvres anti-démocratiques du régime de Cotonou pour museler les dissidents auront beaucoup plus d’écho. Mauvaise pour les autorités béninoises parce qu’elles seront désormais sous le feu des projecteurs internationaux.
Parmi les griefs des partis d’opposition à l’encontre de la mouvance au pouvoir, figure celui du rôle de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Créée en 2018, mais restée discrète pendant tout ce temps, elle a vu son activité au sein de la société béninoise bondir soudainement en moins d’un an, au point d’apparaître aujourd’hui comme le bras judiciaire du Palais de la Marina, alignée sur les dérives autoritaristes de Patrice Talon.
Face à ces accusations d’instrumentalisation de ses prérogatives par le président béninois, la CRIET fait la sourde oreille. Son procureur spécial, Mario Mètonou, limitant ses déclarations aux médias sur les procédures engagées contre les individus, qui lui sont présentés pour des faits dont sa Cour est compétente. Une manière d’éviter les plaintes de kidnappings associées aux conditions dans lesquelles les accusés sont désormais appréhendés et déférés devant lui.
On verra bien si sa position change maintenant que son pays siège à la très symbolique CDH. A noter que le timing et la durée de cette nouvelle mission ne pouvaient pas être meilleurs compte tenu des élections présidentielles de 2026 que vise Patrice Talon. Ce dernier, qui s’était lancé dans une purge de ses opposants à cet effet, devra choisir d’y mettre un terme par souci de son image dans le monde, ou de la poursuivre en assumant pleinement son basculement autoritaire.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)