Sept personnes d’origine turque ont été enlevées par des hommes armés en plein Nairobi en fin de semaine dernière. A cause de leur statut de réfugié politique accordé par l’ONU, l’annonce de leur disparition a interpellé les organismes locaux des droits de l’homme, en nette baisse d’activité depuis la répression meurtrière, par les autorités kényanes, des manifestations pacifistes de cet été. En effet, ces ONG soupçonnent les agents du renseignement turc d’en être les auteurs.
Leurs craintes sont fondées sur le fait que les individus kidnappés sont proches d’un mouvement politique fermement opposé au régime d’Ankara, et en particulier, à Recep Erdogan (sur notre photo habillé en cowboy), qu’il avait, d’abord, accusé de corruption en 2013, alors que celui-ci était encore à la tête de la primature turque, avant ensuite, de tenter de le renverser, après que l’ancien premier ministre ait réussi à accéder à la magistrature suprême.
Ce n’est donc pas une surprise si, près de 10 ans après, le président, Erdogan, n’a toujours pas tourné la page, et maintient la traque systématique de ses opposants. Toutefois, le problème c’est que depuis qu’il l’a débutée, son pays a réalisé le sinistre exploit de se hisser à la deuxième place du classement des Etats champions en matière de répression transfrontalière, juste derrière la Chine, d’après un rapport de Freedom House.
Ce procédé serait devenu l’alternative toute désignée d’Ankara, en cas de refus des terres d’accueil de ses dissidents de les faire extrader. Des sept personnes enlevées, quatre ont été relâchées. Par contre, rien n’a filtré sur les trois autres, la probabilité qu’elles soient en train d’être emmenées vers la Turquie étant élevée. Habituellement silencieuses dans ce genre de situation, les autorités turques restent fidèles à elles-mêmes.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)