Lors de son discours d’indépendance à la nation début octobre, Bola Tinubu avait sollicité la patience de ses compatriotes avant un retour à la normale de leurs conditions de vie. Ces derniers étant ballottés entre la cherté de la vie et l’insécurité, sans oublier les événements climatiques extrêmes. Très attendu sur la première thématique, le dirigeant nigérian vient de procéder à un remaniement ministériel dans le but de donner un nouveau souffle à son administration.
C’est ainsi que les ministres de l’Education, de la Femme, du Tourisme, de la Jeunesse, et le secrétaire d’Etat chargé de l’Habitat ont été congédiés. Parmi les sept nouveaux entrants, quatre récupèrent le portefeuille ministériel du Travail, du Commerce et de l’Investissement, de l’Humanitaire et de la Lutte contre la pauvreté, et de l’Elevage. Et, trois deviennent secrétaires d’Etat en charge des Affaires étrangères, de l’Education et de l’Habitat.
Non seulement, l’équipe gouvernementale s’est élargie de 2 nouveaux membres, puisque 5 sont partis et 7 sont arrivés, alors que le chef de l’Etat milite, depuis cet été, pour plus de contrôle des dépenses publiques. Mais, en plus, et surtout, les ministères des Finances et du Pétrole, directement, indexés par les populations nigérianes pour leur rôle dans la situation économique actuelle, n’ont pas été touchés. Le poste de ministre du Pétrole est d’ailleurs toujours vacant.
On se demande donc en quoi ce remaniement permettra d’améliorer les choses au Nigéria, qui expérimente une crise économique depuis quelques années, laquelle s’est même accélérée au moment de l’accession au pouvoir de Bola Tinubu. Même en ne voulant pas l’accabler sur des sujets tels que l’insécurité qui frappe une partie de son pays, le président nigérian donne l’impression de ne pas savoir ce qu’il fait.
Ordonner la réduction de la taille des délégations officielles lors des déplacements domestiques et à l’étranger, pour ensuite agrandir la flotte des avions présidentiels, pendant que les Nigérians se plaignent du coût de la vie, est une incohérence élémentaire par rapport aux visées de maîtrise budgétaire affichées. L’heure tourne pour Bola Tinubu, qui n’arrive toujours pas à convaincre. Au contraire, plus le temps passe, plus des interrogations émergent sur la manière dont il s’y est pris pour devenir milliardaire.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)