L’Ouganda fait partie des pays africains qui ont vu leur dette publique doubler au cours de ces six dernières années. Passée de 12,33 milliards de dollars en 2018 à 25,6 milliards cet été, elle représenterait, à elle seule, 52% du PIB, soit plus que les 50% prévus dans les critères de convergence sous-régionale. Voyant le mal arriver dès juin 2023, le chef de l’Etat, Yoweri Museveni, avait critiqué le rythme des dépenses de son gouvernement, allant même jusqu’à instaurer sa validation avant toute nouvelle contraction de dette extérieure par ses équipes.
Si l’ancien guérillero s’était vu contraint de prendre une telle mesure, c’est parce qu’il avait été informé du fait qu’un tiers du budget national pour le prochain exercice allait servir à honorer les engagements financiers liés à la dette extérieure, soit, près de 4,5 milliards de dollars de paiements d’intérêt, pour un budget annuel de 13,8 milliards de dollars. Une situation très préjudiciable pour plusieurs départements ministériels tels que l’éducation, la santé, les infrastructures, qui impactait de facto le montant de l’enveloppe devant leur être allouée.
Pour assainir les finances de son pays, le président ougandais voudrait tailler la dette extérieure de 98% d’ici 2026. Il compte, pour cela, continuer de superviser toute nouvelle émission d’emprunt obligataire, mais, mise, également, sur la hausse du taux des recettes fiscales sur le PIB, actuellement, de 13,9%, et en-deçà des 15,8% et des 16,5% observés, respectivement, en Afrique de l’Est et dans toute l’Afrique. Selon la Banque mondiale, un taux inférieur à 15% est un obstacle à la capacité d’un pays à adresser les besoins essentiels de ses ménages et entreprises.
Avec l’exploitation à venir des champs pétroliers et des revenus qui en découleront, Kampala va prioriser et accélérer le remboursement de sa dette extérieure. Elle pourra, ensuite complètement, se tourner vers la poursuite de son projet ferroviaire avec Nairobi, déjà, en proie à de nombreux retards, faute de financements, qui permettra d’approfondir l’intégration régionale, et constituera un maillon fort de l’économie ougandaise.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)