Après avoir fustigé et annulé les accords de la honte entre Kigali et Londres, lorsque le gouvernement était encore sous l’autorité du Conservateur, Rishi Sunak, et qui prévoyaient le renvoi vers le Rwanda de migrants entrés illégalement en Angleterre, en échange de centaines de millions de pounds, Keir Starmer veut lancer un projet similaire (sur notre photo, il reçoit au 10, Downing Street, à Londres, la première ministre d’Italie passée experte en matière d’immigration). Idéologiquement opposé à son homologue italienne, Giorgia Meloni, il a fait bien plus que d’aller recueillir auprès d’elle des informations sur son plan anti-migratoire, puisqu’il a même promis d’y contribuer à hauteur de 4,5 millions d’euros.
Tout semblait bien se passer pour l’administration romaine jusqu’à ce que des juges locaux décident de se pencher sur la légalité de la sous-traitance migratoire dudit plan au regard du droit international. Depuis lors, deux décisions judiciaires ont été successivement rendues contre le gouvernement transalpin sur le fait que l’Albanie, nation vers laquelle les clandestins sont redirigés, n’offre pas de meilleures garanties de sûreté que leur pays d’origine. Noir de colère, le camp de Meloni a demandé à ces magistrats de s’identifier, désormais, en tant que communistes.
Malgré le bruit que fait cette affaire en Italie, et le statu quo juridique s’imposant à cette initiative de l’extrême droite italienne, Keir Starmer estime pouvoir mener à bien son propre plan avec le Kurdistan, la Turquie et le Vietnam, qu’il a identifiés comme étant des partenaires potentiels. Pourtant, son prédécesseur, Rishi Sunak, n’avait pas pu convaincre la Haute Cour britannique sur cette même question. Keir Starmer se croirait-il plus malin ? Car, à moins de demander à la France de réprimer les migrants, comme le fait l’Italie avec la Tunisie, les traversées de la Manche continueront.
Si les juges européens ferment, pour l’instant, les yeux sur les innombrables violations de droits humains auxquelles se livrent les Etats membres sur les clandestins, à cause des moyens mis à la disposition des pays maghrébins servant de points de départ, ils se montrent bien plus sensibles au traitement infligé à tous ceux qui parviennent à atteindre l’Union européenne. Celle-ci n’a, d’ailleurs, jamais daigné publier le rapport d’audit portant sur les risques humanitaires liés à la mise en place d’une politique de sous-traitance migratoire avec la Tunisie. Et, on imagine pourquoi.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)