Quelle mouche a-t-elle piqué le premier ministre, chef du gouvernement, Choguel Kokalla Maïga ? On explique difficilement la diatribe qu’il a lancée à son propre patron, le président de la transition, alors qu’il était en mission à l’intérieur du pays. La réaction de ce dernier ne pouvait pas attendre, sinon, il aurait été qualifié de faible. Il a tapé dur, sans tarder, ce qui lui permet de garder son autorité intacte. A quelques mois de la présidentielle, c’était l’attitude à avoir.
Maintenant, le casse-tête chinois pour le général-président sera de se trouver un autre premier ministre qui lui soit politiquement compatible. S’il sombre dans la facilité, il n’aura qu’à prendre un de ses cinq frères d’arme qui l’épaulent si efficacement depuis leur aventure. Mais, ce serait la moins bonne solution. La plus efficace ou la moins mauvaise, serait de nommer un autre premier ministre civil. Car le débat de la prochaine élection présidentielle sera centrée sur le choix des Maliens à continuer avec des militaires débarrassés de leurs tenues ou bien de retourner à un gouvernement civil comme ceux que le pays avait connus avant l’arrivée des militaires.
Cela dit, cette solution a aussi des limites. Pour preuve le départ du capitaine, Sanogo (devenu général de corps d’armée) avait laissé la place à un gouvernement civil. Mais celui-ci a-t-il seulement été à la hauteur ? Sinon, les colonels ne seraient plus revenus prendre Koulouba. Il faudra donc peser le pour et le contre avant de prendre toute décision.
Dr Maïga avait été nommé à son poste par les militaires en 2021 à la suite d’un second coup d’état des colonels qui, cette fois-ci, s’emparaient de la substance du pouvoir en écartant tous les éléments inféodés aux milieux français et occidentaux.
Son limogeage crée maintenant une incertitude (qu’on espère passagère) dans un contexte déjà trouble. «Il est mis fin aux fonctions du premier ministre et des membres du gouvernement», dit le décret du chef de la junte, le général-président, Assimi Goïta, lu par le secrétaire général de la présidence, Alfousseyni Diawara.
Dr Maiga était-il tout à fait favorable à l’implication de la Russie au premier plan au Mali ? (Sur notre photo, les chefs d’Etat malien et russe en Russie en juillet 2023). N’avait-il pas des nuances à la façon dont ce déploiement se déroule ?
Samedi, 17 novembre, le premier ministre d’alors s’était livré, en public, à de rares critiques contre la junte. Il avait déploré être tenu à l’écart de la prise de décision quant au maintien des généraux au pouvoir et a évoqué «le spectre de la confusion et de l’amalgame» qui planerait selon lui sur la période actuelle dite de transition.
A la tête de l’Etat depuis 2020, le pouvoir militaire devait organiser les élections en mars 2024, mais, il a dû les retarder, la sécurité n’étant pas encore revenue sur l’ensemble du territoire où certains groupes djihadistes font toujours la loi. Bien que la situation se soit beaucoup (beaucoup) améliorée.